"Aider les enfants pauvres, c’est veiller à une société plus juste"
Claire Hédon est Défenseure des droits. L’institution qu’elle représente a pour mission de faire respecter les droits et les libertés de chacun. Elle a accepté de nous parler de l’importance des droits des familles en situation de précarité.
Fondation de l'Armée du Salut : La défense et la promotion des droits de l’enfant figurent parmi vos cinq domaines d’action. Pourquoi cette place particulière ?
Claire Hédon : La question des droits de l’enfant traverse l’ensemble de nos champs de compétence : elle est au coeur de nos préoccupations quand on parle de handicap, de services publics, de discriminations ou d’accès aux soins. Mais un enfant est, par définition, vulnérable, car il est un être en pleine construction. Et c’est cette vulnérabilité qui peut créer une plus grande atteinte à ses droits, de la même manière qu’une personne âgée dépendante court aussi plus de risques de voir ses droits bafoués. Et quand il s’agit d’un enfant de famille en situation de précarité, il est doublement exposé. La précarité est un facteur aggravant, nous le constatons tous les jours dans nos réclamations. Sur le sujet de la santé mentale des jeunes, un sujet particulièrement alarmant, nous constatons que les enfants qui ne peuvent pas bénéficier d’une prise en charge précoce voient diminuer leurs chances d’être pris en charge et de suivre des soins sur la durée.
Fondation de l'Armée du Salut : Comment agir pour rétablir plus de justice sociale ?
C.H. : Nous demandons aux pouvoirs publics d’activer notamment plus de moyens humains et financiers dans les domaines où la prévention peut jouer un rôle déterminant dans l’égalité des droits. Si un enfant est pris en charge dès son plus jeune âge, quand il présente des fragilités, notamment sociales ou mentales, il a plus de chance de sortir du cycle de la précarité à l’âge adulte. Il en va de même pour la fracture numérique : une famille sans ordinateur est défavorisée par rapport au reste de la population, puisqu’elle ne peut pas accéder aux sites de l’Assurance-maladie ou de Pôle emploi pour faire valoir ses droits en matière de prestations qui leur sont dues. Nous luttons aussi pour réduire les délais d’application de décisions de justice dans le domaine de la protection de l’enfance : tant qu’une décision de justice n’est pas appliquée, les plus jeunes sont privés de l’accompagnement dont ils auraient besoin.
Fondation de l'Armée du Salut : Les associations jouent-elles un rôle important dans ce domaine ?
C.H. : Ce rôle est non seulement important, mais essentiel. Les associations voient tous les jours l’état de la société dans leurs missions d’accompagnement des plus défavorisés. Elles sont un relais indispensable pour nous et sont d’ailleurs à nos côtés pour porter des sujets auprès des pouvoirs publics, au sein d’un comité d’entente qui regroupe 120 associations.
Entretien publié dans notre Magazine des Donateurs (été 2023).