Victime de l’esclavage moderne, Maria témoigne 

Publié le : 14 novembre 2019
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Insultes, humiliations, violences sexuelles… alors qu’elle est handicapée, Maria (le prénom a été modifié), aujourd’hui 39 ans, a subi les mauvais traitements de sa famille au quotidien depuis l’âge de 10 ans. Aujourd'hui, sauvée par une assistante sociale et accueillie par l'Armée du Salut, elle brise le silence.
 

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Nom, prénom témoignage
Maria
Détail sur la personne
Victime de la traite des êtres humains
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 « En septembre 2011, je suis arrivée en France pour rejoindre mon père et ma belle-mère. Ils m’ont séparée de ma grand-mère qui m’a élevée. Depuis mes 10 ans, mon père me frappe. En 2011, deux semaines après mon arrivée en France, cela a recommencé. La première fois, il m’a frappé avec une ceinture dans le dos et sur les bras. Un soir dans ma chambre, il m’a giflée, il m’a prise par les cheveux en arrière et m’a mis un coup de genou dans le dos. C’est mon oncle qui m’a sauvée. Mon père et sa nouvelle femme ne m’aimaient pas. Ils me disaient que « j’étais incapable de faire le ménage car que j’étais lente ». Je suis handicapée, mais je ne connais pas ma pathologie.

Tous les jours, il me faisait ranger les chambres de mes frères et sœurs, je devais laver la vaisselle toute seule de toute la famille.  Je devais passer le balai, débarrasser la table, faire les lits, nettoyer et ranger la salle de bain et les toilettes. Si je ne le faisais pas ils m’engueulaient.

Ma belle mère me frappait

Ma belle-mère me disait souvent que je suis mal élevée. Elle me manipulait, elle profitait de ma gentillesse, et du fait que j’avais un handicap, pour m’insulter : « t’es une incapable, folle, handicapée, va te soigner, va te faire foutre… », disait-elle.

Elle me montrait une photo de ma mère et disait : « tu ressembles à ta mère handicapée, tu vas devenir moche comme elle ». J’ai crié pour me défendre et répondre aux insultes. Un jour quand je suis revenue à la maison, elle m’a pris par les épaules et m’a versé 3 seaux d’eau froide, elle m’a giflé, et m’a frappée avec une claquette. Elle m’interdisait de sortir avec mes amis, je ne pouvais pas aller chez le coiffeur, elle me donnait que 3 euros pour sortir. 

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J’ai tenté de me suicider plusieurs fois

J’aurais deux comptes bancaires mais je ne sais pas si j’ai beaucoup d’argent, mon père et ma belle-mère ont fait établir une procuration sur mes comptes sans que je le sache. Ils ne m’achetaient rien, ils me disaient qu’ils n’avaient pas d’argent. Ils faisaient une différence entre moi et mes frères et sœurs. C’est mon père qui faisait mes papiers à ma place. 

En 2018, j’ai dit à ma tante que je m’étais faite violer par le neveu de ma belle-mère. Cette année-là, entre février et août, j’ai pu rester chez ma tante, en septembre je suis revenue chez mes parents. Mon père m’a dit qu’ils nous pouvaient plus me garder : « je dois te marier parce qu’on a peur que tu fasses des bêtises ». J’ai été victime mais mon père n’était pas de cet avis, alors que j’ai beaucoup souffert.

J’en ai eu marre de cette vie-là. J’ai donc tenté de me suicider plusieurs fois. 

Mes parents m’ont dit qu’en juin 2019, ils voulaient me marier avec un inconnu. On devait partir tous en famille. Je ne voulais pas me marier. Toute ma famille était au courant que j’allais me marier. Tout le monde était d’accord, sauf moi.

Un jour, j’ai réussi à m’enfuir de la maison pour éviter le mariage forcé. Aujourd’hui, je suis accueillie par l’Armée du Salut. 

Les postes et les établissements de L’Armée du Salut dans le monde entier luttent activement contre la traite des êtres humains et pour l’autonomie des victimes. L’enjeu est d’aider ces personnes à sortir de l’emprise des auteurs de violence et les aider à bénéficier d’une protection.