Être aux côtés des « oubliés » pour Noël

Publié le : 20 décembre 2019
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Pour les personnes accueillies dans les centres d’hébergement, les maisons de retraite, les centres d’hébergement pour mineurs ou accompagnées par les postes de l'Armée du Salut les fêtes de fin d’année sont parfois difficiles à vivre. Les salarié-e-s des établissements de la Fondation de l’Armée du Salut apportent cette joie nécessaire et ce réconfort important à ces personnes qui se sentent « oubliées ». 

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Certains résidents se sentent oubliés, malades, abandonnés

Nous disons que Noël et les fêtes de fin d’année rassemblent les personnes, les familles autour de repas joyeux et des cadeaux. Mais pour certaines personnes ces moments de fête sont synonymes de solitude, de tristesse, d’anxiété. Isolées, elles vivent plus difficilement la précarité, la pauvreté. Six salarié-e-s de la Fondation de l’Armée du Salut évoquent ce moment particulier de l’année. 

Manon est aide-soignante à la Résidence Boris Antonoff, un établissement d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD), qui accueillent 76 personnes âgées dépendantes. Elle veut que les résidents et les familles fêtent Noël « comme avant ».

« Noël reste quand même particulier. C’est est un jour où pour ma part je l'ai toujours fêté en famille avec de la joie, du partage, des surprises, de bons plats. Un jour, j'ai entendu une résidente parlait des « oubliés du dimanche » pour désigner les personnes âgées en EHPAD. C'est tout à fait juste aussi pour les fêtes. 

Pendant les fêtes, la solitude et la nostalgie peuvent se traduire par la manifestation de sentiments négatifs. Certains résidents se sentent oubliés, malades, abandonnés ce qui va les affecter émotionnellement. Pour des personnes atteintes de déficiences mentales, l’accompagnement peut devenir, pendant cette période, « complexe » car elles sont angoissées, elles ont peur, elles sont tristes, elles ressentent de la colère et même de l'agressivité. Quant aux familles elles pensent qu'elles n'ont plus possibilité de fêter Noël « comme avant ». Nous rappelons aux familles et aux résidentes qu’il est toujours possible de faire comme avant, tout en respectant les « règles » de vie en collectivité et l’organisation de l'EHPAD. C’est très important pour préserver le lien social et respecter les habitudes de la personne que nous accompagnons.

Je suis référente d'une unité avec des personnes atteintes de maladies dégénératives et à Noël nous mettons une grande table avec des nappes en tissus. Nous plaçons au centre de la table des décorations faites avec les résidents. De bons menus sont servis pour le 24 au soir et le 25 à midi préparés par notre cuisinier et depuis quelques années nous organisons un goûter de Noël avec les résidents et leurs familles. 

Nous faisons la fête avec les résidents pour faire raviver en eux la chaleur et convivialité qu'ils pouvaient vivre auparavant lors de cette période ». 

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La notion de fête en famille pour ces jeunes filles n’existe pas ou plus

Conseillère en économie sociale et familiale au Foyer d’Action Educative Marie-Pascale-Péan à Mulhouse, Jenifer revient sur le rôle d’un un professionnel du social pendant les fêtes. L’établissement accueille une trentaine de jeunes filles de 13 à 20 ans confiées par la protection sociale de l’enfance.

« C’est une période difficile pour accompagner les jeunes autant que leurs familles. Le comportement de certaines filles change dès le début du mois de novembre voire avant pour certaines d’entre elles. Les décorations de Noël installées dans la ville, les marchés de Noël, les cadeaux à acheter, les familles qui se promènent ensemble, tout ceci fragilise les jeunes. Certaines deviennent plus agressives verbalement, leur comportement à l’école bascule parfois et d’autres partent en fugue régulièrement. C‘est dans ces périodes-là que nous sentons encore plus la souffrance et le mal-être chez certaines jeunes et elles nous l’expriment. La notion de fête en famille pour ces jeunes filles n’existe pas ou plus. 

Nous essayons de trouver le maximum de solutions avec les jeunes filles et à leurs familles afin que ce temps soit un moment agréable.

Au cas où une jeune ne peut rentrer dans sa famille, nous essayons de l’impliquer dans l’organisation du repas de Noël, en général nous allons soit au restaurant soit nous préparons un de son repas préféré. Un petit cadeau l’attendra également sous le sapin du groupe, une manière pour nous de lui signifier qu’elle n’est pas seule. Le 25 décembre, nous passons du temps avec la jeune fille sans prendre en considération notre temps de travail. 

Le plus difficile pour ces jeunes filles c’est le moment du coucher. Elles vont être seules et elles auront une bonne partie de la nuit pour penser, angoisser. C’est souvent à ce moment-là qu’elles souhaitent le plus être chez elles avec leurs parents. »

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Offrir les meilleures fêtes de fin d’année possible

A Nice, Hugo Gomes travaille pour le poste de l’Armée du Salut. Avec les officiers du poste et les bénévoles, ils offrent aux personnes exclues les « meilleures des fêtes de fin d’année ».

« Pour nous, Les fêtes de fin d’année représentent une période très intense. En plus des activités « classiques » que propose le Poste de Nice, nous organisons des repas de Noël (un pour les sans domicile stable et un pour les bénéficiaires du restaurant social), une distribution de soupe de nuit est organisée le soir de Noël, les marmites sont organisées du 7 décembre au 24 décembre.

En termes d’accompagnement, c’est une période particulière et délicate. Malheureusement, pour beaucoup, Noël renforce le sentiment de solitude et d’exclusion. Notre but est donc de leur offrir les meilleures fêtes de fin d’année possible, tout en faisant le maximum pour gommer ces sentiments.

Les repas de Noël permettent aux personnes accueillies et accompagnées d’avoir le sentiment de passer cette fête avec des amis ou de la famille, grâce à la présence de nos bénévoles. Nous leur servons un vrai repas festif, et des animations sont prévues et des cadeaux pour les adultes et les enfants sont offerts. 

En plus de tout cela, nous avons un partenariat avec le club de football de Nice, qui participe avec nous au repas de Noël des sans domicile stable et offre 200 places pour assister à un match de football.

Notre présence est donc essentielle à la fois pour leur proposer un « vrai Noël » mais aussi pour rompre l’isolement, surtout pour le soir du 24 décembre dans la rue. »

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Notre présence auprès des résidents est reconnue et appréciée

Solène et Clément, éducateurs spécialisés à Lyon Cité, à Lyon, un centre qui accueille 175 personnes. Ils constatent que pendant la période de Noël le mal être chez les résidents est palpable.

« En tant que travailleurs sociaux en centre d’hébergement et de réinsertion sociale (CHRS), nous sommes amenés à partager des moments symboliques, importants et festifs tels que les fêtes de fin d'année avec les résidents que nous côtoyons au quotidien pendant toute l'année. 

La vie en CHRS est souvent rythmée par des évènements houleux voire violents. Les fêtes de fins d'année en font partie mais pas forcément plus que le reste de l'année. En revanche, il est observable que le climat est particulier. Certains résidents se referment plus qu’habituellement, d'autres vont se réfugier dans leurs addictions. Ce qui conduit à des difficultés dans l'accompagnement : des rendez-vous non honorés, des démarches plus difficiles à réaliser. Cela n'est pas toujours verbalisé par les résidents.

Il existe plusieurs explications à ce mal être palpable. L’une d’entre elles est l’importance que la famille du résident donnait à ces fêtes de fin d'année. De nombreux résidents entretiennent des relations compliquées avec leur famille, certains n’ont aucun lien avec leurs proches. Cette période peut donc remuer des souvenirs difficiles.

Être avec eux dans ces moments plutôt qu'auprès de nos familles démontre une forme d'engagement souvent reconnu et apprécié par les résidents conscients de ce sacrifice. »

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