« J’ai retrouvé du travail grâce aux contrats aidés »
Commercial pendant 30 ans, Serge s’est un jour retrouvé à 50 ans sans emploi, puis en fin de droits quelques temps plus tard. Aucune entreprise ne voulait l’embaucher jusqu’à ce que l’Armée du Salut lui propose un contrat aidé et lui ouvre les portes d’une formation. Aujourd’hui, son contrat aidé terminé et sa formation validée, il a été définitivement embauché comme veilleur de nuit. Un témoignage touchant à découvrir.
À l’heure où l’on parle tant de la disparition des contrats aidés, Serge, aujourd’hui veilleur de nuit au centre d’hébergement et de réinsertion sociale de la Fondation de l’Armée du Salut à Florange est un de ceux qui a su et a pu se réinsérer grâce à ce type de contrat. Perte d’emploi, chômage de longue durée, droits au chômage épuisés… Les contrats aidés sont importants car les accidents de la vie arrivent à tout le monde. Témoignage.
« Le 26 juin 2017, je suis passé en contrat à durée indéterminé (CDI) comme surveillant de nuit à L’Escale à Florange, géré par la Fondation de l’Armée du Salut et qui accueille et héberge 60 personnes en difficulté. A 35 heures payés 1350 € par mois, ce poste de surveillant de nuit, j’ai pu l’obtenir grâce au contrat aidé que j’ai signé en mars 2014. Tout commence en 2013, quand après 30 ans d’activité, ma carrière de commercial libéral au sein de la grande distribution a fait les frais de la crise. Licencié économique, j’ai été au chômage pendant 12 mois. Car dans le milieu professionnel au sein duquel j’évoluais, on n’embauche pas des commerciaux quinquagénaires car on coûte cher. J’enchaîne les petits boulots dans la région et des remplacements d’aide à la personne pendant quelques mois, mais cela ne me permet d’avoir un salaire pour payer un loyer et de manger. Notre vie est bouleversée. L’épargne qui aurait dû nous servir à acheter une maison nous servait maintenant à nous nourrir et nous avions tiré un trait sur les vacances et les loisirs. Et les difficultés financières se sont accentuées quand j’ai appris que j’arrivais en fin de droits à Pôle emploi.
518 heures de formation et un CDI à la clé
Un jour, en 2014, j’ai vu une annonce d’emploi diffusée dans l’Est Républicain : le Passage à Metz, centre d’hébergement et de réinsertion sociale (CHRS) géré par la Fondation de l’Armée du Salut recherchait un agent d’accueil en contrat aidé, plus précisément en contrat unique d’insertion (CUI). 22 heures par semaine, payées au SMIC. Je postule et je suis embauché. Après 12 mois de chômage, j'ai enfin trouvé du travail grâce à un contrat aidé. En signant le contrat aidé, j’ai pu accéder à des formations professionnelles que le centre d’hébergement et de réinsertion de Florange a financé : 518 heures de formation en alternance. Je me suis formé au métier de veilleur de nuit et de maître de maison. Ces 518 heures, partagées entre l’institut national de formation et d’application et l’entreprise, m’ont permis d’acquérir des compétences de terrain comme par exemple la compréhension et la gestion des personnes en situation d’addiction, ou l’accueil des personnes en difficulté, à la confidentialité et au secret professionnel et enfin je me suis formé au système de sécurité incendie.
Supprimer les contrats aidés c'est précipiter
les personnes dans la précarité professionnelle
A l’issue de la formation en 2016, j’ai eu ma certification et j’ai postulé au poste de veilleur de nuit dans le CHRS à Florange. J’ai passé l’entretien d’embauche comme un quelconque candidat et j’ai obtenu le CDI. Aujourd’hui, je travaille de 21h50 à 7h50 le matin et les week-ends jusqu’à 8h10. A 54 ans, je pense terminer ma vie professionnelle au sein du Passage. J’ai une stabilité économique et sociale ;je peux enfin envisager l’avenir avec sérénité et c’est ce contrat aidé qui a tout déclenché. Un contrat sans lequel je serai tombé dans la grande précarité quand j’étais en fin de droits. Le contrat aidé est la clé quand toutes les entreprises vous ferment les portes. Le contrat aidé permet aux demandeurs d’emploi de longue durée et notamment « âgés » de retrouver un travail. Supprimer les contrats aidés revient à freiner une dynamique. C’est précipiter les personnes dans l'instabilité professionnelle. »