Bénévole et délégué du Défenseur des droits, Jérôme remet l’humain au cœur des services publics
Responsable d’un centre des impôts à Paris, Jérôme est aujourd’hui à la retraite et écrivain public bénévole au Palais de la Femme, géré par la Fondation de l’Armée du Salut. Délégué du Défenseur des droits, sa présence tous les jeudis soir est devenue incontournable pour les femmes et les hommes en précarité. Rencontre avec un homme qui aide les plus fragiles à se défendre contre l’injustice.
Vous êtes écrivain public et vous êtes présent tous les jeudis au Palais de la Femme. En quoi consiste votre intervention auprès des femmes accueillies par ce centre d’hébergement et de réinsertion sociale (CHRS) ?
Jérôme : Mon rôle en tant qu’écrivain public est d’aider les résidentes du Palais de la Femme à remplir les déclarations, les formulaires de demandes de logement, les demandes destinées à la Caisse d’Allocations Familiales (CAF) ou des courriers adressés à Pôle emploi. Je partage ces tâches avec les travailleurs sociaux du Palais de la Femme. Je reçois souvent des personnes qui ne maîtrisent pas parfaitement la langue française, à l’écrit comme à l’oral. Je les aide donc à réaliser un écrit clair, structuré et soigné, mais aussi à mettre en forme des dossiers relevant de domaines administratifs.
Je saisis le Défenseur des droits
En grande précarité sociale et professionnelle, sans ressources, psychologiquement vulnérables, quelles sont les demandes portées par les personnes qui vous sollicitent ?
Jérôme : Les demandes portées par les personnes qui me sollicitent concernent essentiellement le logement, l’obtention notamment des prestations sociales comme l’Allocation adultes handicapés (AAH). Certaines personnes se voient refuser cette allocation car selon la maison départementale des personnes handicapées (MDPH) elles ne sont pas assez « atteintes ». Dans ce cas, j’encourage les personnes à fournir un maximum de certificats médicaux qui pourraient débloquer et justifier, ensuite, l’attribution de l’AAH. J’accompagne aussi les personnes à faire leur demande d’allocation pour le logement. De temps en temps, j’interviens pour trouver auprès de la préfecture de Paris une date pour renouveler les titres de séjours des ressortissants étrangers. Récemment, j’ai eu un cas douloureux. Une dame qui travaille dans un consulat était exploité par son employeur : elle n’avait pas de fiche de paie, son salaire était versé en espèces, par exemple. Alors que les fiches de paie sont obligatoires si elle veut faire une demande de logement. Dans ce type de cas, je constitue un dossier avec tous les éléments de preuve nécessaires et je l’envoie directement, à Jacques Toubon, qui est Défenseur des droits afin qu’il puisse se saisir du dossier.
Vous êtes également délégué au Défenseur des droits (1), justement. Avez-vous recours à vos compétences de délégué pour trouver des solutions aux problème des personnes que vous rencontrez ?
Jérôme : Il y a six ans, je suis devenu délégué du Défenseur des droits, qui est une mission bénévole. J’aide toujours les personnes à rédiger des imprimés, quand les résidentes viennent me voir en tant qu’écrivain public, mais parfois la situation de la personne nécessite que j’intervienne comme délégué du Défenseur des droits. Et à ce moment-là, j’écris à la place de la résidente. Par exemple, les organismes de service public ont demandé à une résidente du Palais de la Femme d’origine espagnole de fournir un titre de séjour. Elle ne pouvait pas présenter un titre de séjour car elle est citoyenne européenne. Par conséquent, elle a appris que la caisse d’allocation familiale a cessé de lui verser son allocation, Pôle emploi a arrêté de lui verser l’ARE (Allocation chômage d'aide au retour à l'emploi). Elle n’avait donc plus aucune ressource. Elle ne pouvait pas accepter un logement qu’un bailleur social lui proposait faute de ressource. L’assistante sociale m’a contacté, je suis intervenu en tant que délégué du Défenseur des droits et en déclarant dans une lettre que la personne étant d’origine espagnole elle n’a pas à présenter un titre de séjour. La CAF m’a répondu un jour après avoir reçu le courrier, trois jours pour Pôle emploi. Et le problème été réglé au bout d’une semaine. Les délégués écoutent, informent, orientent les personnes afin que les droits de toutes et tous soient respectés.