Ukraine : "Je n'ai pas pu me marier à cause de la guerre"
Anastasia, 23 ans, a quitté l’Ukraine en avril laissant derrière elle sa famille et son futur époux. Sur le chemin de l’exil, elle a rencontré l’Armée du Salut. Aujourd’hui, au Havre, elle espère reconstruire sa vie détruite par la guerre.
En Ukraine "nous vivions une vie paisible"
Dans quelles conditions avez-vous quitté l’Ukraine ?
Anastasia : Quand la guerre a éclaté, je vivais avec ma petite sœur et mon futur époux dans la ville de Marioupol. J’étais graphiste et lui, développeur web. Nous avions acheté une voiture, nous avions visité des appartements, sélectionné des destinations pour notre lune de miel mais je n’ai pas pu me marier à cause de la guerre. Nous avions prévu de nous dire “oui” le 4 avril 2022. Nous vivions une vie paisible, mais elle a basculé quand les premières régions de l’Ukraine ont été bombardées. Ma mère, qui est restée en Ukraine, m’a encouragée a quitté le pays avec ma sœur de 13 ans. De Marioupol au Havre, le voyage a duré 5 jours. Pendant les trajets en train, nous avons entendu des bombardements et des roquettes tomber près des voies ferrées. Ma sœur et moi craignions que notre train soit la cible des bombes de l’armée russe. Alors que ma sœur avait des crises d’angoisses, je devais garder mon calme pour nous mettre à l’abri. Quand nous sommes arrivées en Pologne, nous avons été accueillies par des associations et nous avons pris un avion pour Paris. Ma belle-mère (la mère de mon petit ami) est arrivée au Havre avant nous. Nous l’avons rejointe.
"L’aide de l’Armée du Salut est précieuse :
elle soigne les blessures physiques et les maux invisibles"
Paris. Le Havre. L’Armée du Salut. Comment s’est passée votre arrivée en France ?
A. : Nous sommes arrivés le 15 avril, à Paris. Ensuite nous nous sommes rendues au Havre en train. Ici, nous avons été accueillies par l’Armée du Salut et ses bénévoles. Dans ce centre, nous pouvons nous reposer et manger en toute tranquillité sans craindre les bombes, les roquettes et les obus. Des professeurs d’université viennent donner bénévolement des cours de français. Nous avons été impressionnées par la générosité des citoyens qui nous ont apportées des vêtements et des produits d’hygiène. L’Armée du Salut nous fournit aussi des tickets de bus et nous accompagne dans nos démarches administratives. L’aide de l’Armée du Salut est précieuse : elle soigne les blessures physiques et les maux invisibles.
Aujourd’hui, alors que la guerre continue en Ukraine, comment envisagez-vous l’avenir ?
A.: Mon petit-ami m’a rejoint fin août. Nous sommes de nouveau réunis et en sécurité mais notre vie est suspendue car nous voulons vivre notre vie de couple en Ukraine, proche de notre famille. Nous souhaitons apprendre le français et trouver du travail dans notre domaine au Havre. Mais l’avenir, nous l’envisageons aussi en Ukraine. Notre famille, nos amis sont restés dans un pays dévasté, meurtri par la guerre. Une fois qu’elle sera terminée, nous retournerons pour reconstruire notre pays et nous n'oublierons jamais le soutien apporté par l’Armée du Salut.
Propos recueillis par Mayore Lila Damji
Pour aller plus loin :
- L’action de l’Armée du Salut au profit des Ukrainiens
- Un an de conflit en Ukraine : l’Armée du Salut lance un appel pour l’envoi de produits de première nécessité
- Urgence Ukraine : actions à l'international
- Urgence Ukraine : le secours alimentaire en France
- Urgence Ukraine : des propositions d'hébergement en France