La belle aventure d’Oumar : de jeune exilé à figurant du film « Tirailleurs »

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En arrivant seul en France à 17 ans, Oumar, ne pensait pas tourner quatre ans plus tard un film avec le célèbre acteur français, Omar Sy. Un film qui raconte l’histoire d’un père et d’un fils sénégalais envoyés au front pendant la Première Guerre mondiale. Un film particulier pour Oumar, accueilli dans les Ardennes par la Fondation de l’Armée du Salut et dont l’arrière-grand-père a participé pour la France à cette guerre de tranchées. Témoignage. 

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La belle aventure d’Oumar : de jeune exilé à figurant du film « Tirailleurs »
Nom, prénom témoignage
Oumar Seye
Détail sur la personne
Ancien mineur étranger isolé accompagné par la Fondation de l'Armée du Salut
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Redacteur
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La belle aventure d’Oumar : de jeune exilé à figurant du film « Tirailleurs »
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« Le film « Tirailleurs » est sorti au cinéma le 4 janvier. Je suis aussi sorti de l’anonymat le 4 janvier. Je m’appelle Oumar Sey et j’ai 22 ans. Je suis né en Gambie en 2001. J’ai quitté mon pays quand j’avais 17 ans. Quand je suis arrivé en France, en 2018, j’étais tout seul. C’est une association parisienne pour jeunes non accompagnés qui m’a accueilli. 

C’est ensuite l’Armée du Salut qui m’a pris sous son aile. A Charleville-Mézières (Ardennes) où plusieurs jeunes comme moi sont accompagnés pour reprendre leur scolarisation et se former à un métier. J’avais choisi de faire un Bac professionnel en plomberie. 

Dans les Ardennes, l’Armée du Salut héberge des jeunes, âgés de 15 à 20 ans, dans 24 appartements : 18 logements à Charleville-Mézières et 6 à Rethel. Au total, nous sommes 69 jeunes mineurs et majeurs accompagnés par l’Armée du Salut.

En 2021, l’équipe du film « Tirailleurs » est venue dans les Ardennes car elle recherchait des figurants pour tourner des scènes de la Première Guerre mondiale dans le département. Les jeunes de l’Armée du Salut ont été contactés et avec mes amis nous avons accepté de participer au film. 

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Nous avons tourné des scènes de guerre

Pendant le casting qui a duré deux semaines, l’équipe du film a essayé d’identifier les rôles que je pouvais jouer. Je suis allé à Paris pour faire des répétitions. Je devais apprendre des dialogues qui étaient rédigés dans ma langue maternelle, le peul. La première fois que j’ai rencontré Omar Sy, il m’a parlé en peul. Nous sommes tous les deux de la même ethnie. 

Nous avons tourné dans des villages des Ardennes. Les lieux ont été recréés entièrement pour correspondre au décor de 1917. Nous avons dû tourner des scènes de guerre dans la boue, sous la pluie, dans des tranchées où l’équipe de production avait mis des vrais rats ! On avait de vraies armes, des baïonnettes !

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Dans le cinéma, on apprend beaucoup sur la « vraie » vie

Dans le film, je jouais le rôle de caporal. Je devais pleurer, faire des scènes où je rigolais. Et on a joué une scène dans laquelle on devait charmer des femmes françaises. C’était difficile mais l’équipe du film, le réalisateur et Omar Sy m’ont mis à l’aise pendant le tournage. C’était la première fois de ma vie que je participais à un tournage d’un film.

Ce film est particulier. C’est comme si la fiction rattrapait la réalité. Mes grands-pères me parlaient de la guerre. Mon arrière-grand-père a participé à la Première Guerre mondiale comme tirailleur dans l’armée française. En jouant dans ce film, j’ai compris que ce n’était pas facile pour les familles africaines dont les pères et fils étaient enrôlés de force pour faire la guerre. Dans chaque scène que je jouais, je m’investissais entièrement. Pour moi c’était une manière de rendre hommage à chaque tirailleur mort pour la France. 

Après avoir fait ce film, j’ai eu envie de découvrir le monde du cinéma. J’ai appris que le cinéma ne se résume pas au clap « action-fin » mais c’est plus que ça. On apprend beaucoup au sujet de la « vraie » vie dans le cinéma. J’aimerais bien jouer des rôles dans des films. Je travaille en pour le moment dans le secteur de la logistique à l'aéroport Charles-de-Gaulle, mais j'envisage passer des castings pour décrocher des rôles dans des longs-métrages. »

Propos recueillis par Mayore LILA DAMJI