L'apprentissage d'un métier en France m'a permis de gagner ma vie
Les mineurs arrivés seuls en France sont-ils une chance ou un problème pour notre pays ? Rencontrez ce jeune apprenti accueilli par l’Armée du Salut et faites-vous votre propre avis.
« Je m'appelle Hamed et j'ai 20 ans.
J'ai quitté la Côte d'Ivoire quand j'avais 9 ans pour aller au Mali. Ma famille voulait que je parte du pays car il y a beaucoup de problèmes politiques et une vraie insécurité. C'était difficile au Mali : avec ma tante, nous avons dû dormir dehors. A l'âge de 12 ans, avec un ami, j'ai quitté le Mali pour me rendre en France.
Algérie, Libye et Italie. C'étais un parcours dangereux car en Libye les passeurs vendent les personnes pour gagner de l'argent. Ces personnes deviennent ensuite des esclaves. J'ai eu la chance de rencontrer un homme qui a décidé de me mettre en sécurité jusqu'à mon départ vers l'Italie.
En France, j'ai dormi plusieurs nuits dehors
Quand je suis arrivé en Italie, j'ai pris la direction des vallées à la frontière entre l'Italie et la France. Je suis passé par Nice et ensuite j'ai pris le train pour Marseille.
Je n'ai pas trouvé d'association qui pouvait accueillir des mineurs, à Marseille, j'ai donc dû dormir dehors pendant plusieurs nuits. Après quelques jours passés à Marseille, j'ai décidé de me rendre à Paris où un centre d'hébergement d'urgence pour mineurs isolés étrangers m'a accueilli. Les équipes de ce centre m'ont ensuite orienté vers une association pour mineurs dans la ville de Bar-le-Duc (Meuse). C'était difficile car je n'étais pas scolarisé et je n'avais pas mes repères en France.
La Fondation de l'Armée du Salut m'a accueilli et accompagné
Après avoir passé deux mois dans cette association, j'ai été déclaré mineur par le juge. Et à ce moment-là que je suis orienté vers la Fondation de l'Armée du Salut dans les Ardennes.
J'ai été accueilli par la Fondation de l'Armée du Salut à Charleville-Mézières (Ardennes) où plus 80 jeunes comme moi sont accompagnés pour reprendre leur scolarisation et se former à un métier. J'ai choisi un bac professionnel de technicien menuisier agenceur au lycée Charles-de-Gonzague, à Charleville-Mézières.
Dans les Ardennes, l’Armée du Salut héberge des jeunes, âgés de 15 à 20 ans, dans 31 appartements : 25 logements à Charleville-Mézières et 6 à Rethel. Au total, nous sommes 69 jeunes mineurs et majeurs accompagnés par l’Armée du Salut.
L’équipe pluriprofessionnelle de la Fondation de l'Armée du Salut nous accompagne dans le cadre des démarches de santé, de notre parcours scolaire et/ou professionnel, dans le développement de l’autonomie (gestion d’un budget, d’un appartement, des repas) et dans l’ensemble des démarches administratives.
Mon rêve c'est de fonder une famille,
signer un CDI et revoir mes proches en Côte d'Ivoire
J'étais scolarisé et je voulais vite devenir autonome. Après avoir obtenu mon bac professionnel, j'ai signé un CDD avec l'entreprise qui m'a formé. Je travaille dans la métallerie : je m'occupe avec mes collègues de la fabrique ou de la pose d’ouvrages métalliques pour le bâtiment.
Les éducatrices de la Fondation de l'Armée du Salut m'ont accompagné dans ma recherche de logement et aujourd'hui je vis dans un deux pièces, j'ai un travail et je suis autonome.
J'ai encore des projets et des rêves. D'abord fonder une famille. Et quand j'aurai signé mon CDI et obtenu la nationalité française, je retournerai en Côte d'Ivoire rendre visite à ma grand-mère. »
Témoignage écrit par Mayore Lila Damji
Vidéo réalisée par Tedeschi, Académie de Reims