Découvrez comment Linda a retrouvé un emploi grâce à l'Armée du Salut
Après le décès de son mari, Linda a dû élever seule ses enfants. Au chômage, elle a trouvé un emploi à l’Armée du Salut. Aujourd’hui auxiliaire de vie, elle rêve d’ouvrir un restaurant pour les personnes vivant dans la précarité.
J'ai 58 ans, j'ai passé une grande partie de ma vie en Algérie. En 2006, j'ai perdu mon mari. A la suite de son décès, je me suis retrouvée seule à élever mes trois enfants. J'ai connu des périodes difficiles : sans revenu, je devais tout de même nourrir mes enfants et assurer leur éducation. Ma famille m'a beaucoup soutenue pour traverser les périodes difficiles.
Après une longue période de réflexion, j'ai décidé de me former à un métier. J'ai suivi une formation pour devenir coiffeuse. J'ai exercé ce métier pendant 5 ans. Mais pour éviter de me retrouver de nouveau en difficulté et anticiper une éventuelle période de chômage, j'ai suivi une formation aux métiers de la restauration et j'ai aussi fini par suivre une formation en boulangerie.
En 2016, j'ai dû prendre l'avion pour traverser la Méditerranée et venir au chevet de ma mère, à Marseille, qui était souffrante.
Je suis restée à ses côtés jusqu'à son rétablissement complet. Mais la vie allait me faire vivre une nouvelle épreuve : le décès d'un de mes enfants !
Alors que j'avais décidé de retourner en Algérie où j'avais construit toute ma vie, j'ai finalement décidé de rester en France et j'ai fait une demande pour résider de manière permanente en France. Les démarches administratives ont abouti et j'ai obtenu mon récépissé rapidement.
En 2019, je me suis mis activement à la recherche d'un travail et c'est à ce moment que j'ai croisé le chemin de l'Armée du Salut.
La Résidence William Booth de l'Armée du Salut à Marseille m'a embauchée en contrat unique d'insertion (CUI) qui associe formation et accompagnement professionnel. J'ai travaillé pendant un an, entre 2020 et 2021 comme agent de ménage. Pendant la pandémie, j'ai aidé l'équipe de professionnels de l'établissement à gérer les stocks de masques et de gel hydroalcoolique et j'ai épaulé l'équipe de la restauration pour préparer les colis alimentaires pour les personnes qui vivaient à la rue pendant le confinement.
L'accompagnement de l'Armée du Salut m'a ouvert les portes de la formation. Après avoir obtenu avec succès les diplômes de coiffeuse, boulangère, je suis aujourd'hui diplômée pour travailler comme auxiliaire de vie.
J'interviens auprès des personnes fragiles. Je prépare des repas équilibrés dans le cadre d'un régime alimentaire particulier, j'entretiens le logement, j'assiste la personne dans les actes de la vie quotidienne et notamment l'aide à la toilette.
L'Armée du Salut m'a ouvert les yeux sur le monde de la précarité et la pauvreté. J'ai appris à connaître l'humain qui est derrière ces personnes qu'on appelle "clochard" ou "SDF".
Aujourd'hui, j'ai une vie stable et un emploi. Je peux envisager mon avenir avec sérénité et je nourris l'espoir d'ouvrir un jour mon restaurant que j'appellerais "La Grande Kabilye" où tout le monde pourra venir déguster des plats orientaux et occidentaux. Et il y aura toujours un plat gratuit pour les personnes qui n'ont pas d'argent. Un "plat suspendu" comme le café.
Propos recueillis par Mayore Lila Damji