A la rue depuis 2 ans, découvrez l’histoire de Valérie, 39 ans

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Texte présentation

L’accueil de jour de la Fondation de l’Armée du Salut, Au Cœur de l’Espoir, à Dunkerque, accueille 2 000 personnes en moyenne, chaque année. Femmes ou hommes sans abri viennent y trouver un peu de réconfort et de repos. Parmi eux, Valérie, 39 ans, qui est à la rue depuis plus de deux ans. Elle vient au Cœur de l’Espoir pour se restaurer gratuitement et rencontrer des travailleurs sociaux.

Entre éducation stricte et violence

Je suis née en 1977, à Provin dans le Nord. J’étais une élève brillante. Mais j’avais des parents très stricts. Même quand j’obtenais 19,5/20, ils me traitaient de conne et me reprochaient de ne pas avoir eu un 20. Au lieu de me féliciter. Je partageais le même toit que mes parents et mon père me frappait.

La rencontre avec la drogue

La rencontre avec la drogue. Le revers d’une éducation très stricte, c’est vouloir faire ce qui nous était interdit de faire. Et un jour, avec une amie, à 14 ans, j’ai commencé à côtoyer deux garçons qu’on savait « mauvais ». Nous nous sommes mises à fumer et à consommer de la drogue. Les deux garçons m’ont offert un paquet de cigarette et de l’héroïne. J’en ai consommé pendant cinq jours ! Au bout de cinq jours, je me sentais mal. J’avais les symptômes de la grippe sans la fièvre. Il s’agissait en fait, de mon premier manque ! J’étais devenue accroc à la drogue. Tout en continuant le lycée, j’ai continué à prendre de l’héroïne. J’ai rencontré un groupe de jeunes, qui m’a proposée d’aller en Belgique pour m’aider à sortir de ma situation de dépendance à la drogue. Mais, en réalité, ils m’ont « aidée » en me faisant consommer de l’ectasie, du LSD…

Je rêvais d'être professeure d'anglais

Malgré l’addiction à la drogue, j’ai eu mon bac. Puis j’ai fait un an de DEUG (bac +2) d’anglais, je rêvais d’être professeure d’anglais. J’avais également un autre rêve : aider les enfants en difficulté. A 19 ans, j’ai arrêté le DEUG d’anglais, pour faire des études d’éducatrice spécialisée. En 2003, j’ai repris mes études d’éducatrice spécialisée mais je n’ai pas été diplômée à cause de mon mémoire. Avant d’entrer dans le monde du travail, j’ai fait une dépression et je suis tombée enceinte. Mais j’ai dû avorter à cause des médicaments que je prenais pour soigner ma dépression. Je voudrais porter un enfant dans mon ventre, un jour ! Le problème, c’est qu’il faut être en bonne santé pour garder son poste. J’ai même rompu avec mon ami.

D'un appartement à la rue

Mais à l’époque j’avais mon appartement. J’y vivais avec mes chats et j’étais au RSA. Un jour, j’ai rencontré un homme de 63 ans. J’ai tout laissé tomber pour aller vivre avec lui. Un ancien ingénieur à la retraite, qui gagnait 3000 euros par mois. Mais il avait un problème d’alcool. Il me frappait hélas à chaque fois qu’il buvait. Du jour au lendemain, il a décidé de ne plus m’héberger. Et à la suite d’un problème administratif, j’ai cessé de toucher le RSA…

La réalité de la rue

Je me suis retrouvée au local grand froid à Hazebrouck, qui accueille pendant la période hivernale des personnes sans toit pour qu’elles puissent se poser au chaud, le temps d’une ou plusieurs nuits. Mais je n’avais pas d’attaches à Hazebrouck, j’ai donc pris le train pour Dunkerque. J’ai fait alors la rencontre de deux hommes sans-abri, qui m’ont expliqué le « fonctionnement » de la ville de Dunkerque : où je pouvais aller manger, me mettre à l’abri, par exemple.

J’ai dormi dehors dans une tente pendant 4-5 mois. Je dormais avec des couteaux sous mon oreiller et matelas pour me protéger, et avec mon chien. Car la menace d’une agression ou d’un viol planait toujours. Et le soir de Noël, j’étais toute seule dans ma tente, avec ma chienne et un paquet de chips et une bouteille d’eau.

Le lieu où j’avais planté ma tente était devenu dangereux. J’ai décidé de le quitter mais je n’ai pas trouvé mieux qu’un local à poubelle pour dormir. La vie dehors nous expose à la violence, je me suis donc fait agresser et j’ai perdu mes papiers administratifs. Je suis actuellement accompagnée pour qu’on m’ouvre mes droits au RSA, qu’on m’aide à trouver un appartement. Je veux vivre de nouveau normalement comme tout le monde !

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