« Avec l'aide alimentaire, je voulais œuvrer pour les plus fragiles d’entre nous »
Ancien cadre d’une enseigne de distribution de produits culturels, Adel, 39 ans, a choisi en 2016 de consacrer sa vie aux personnes démunies. D’abord bénévole à l’Armée du Salut à Nice, devenu aujourd'hui salarié, il témoigne des missions sociales qu'il réalise au quotidien. Témoignage.
"Je menais une vie confontable mais il manquait quelque chose"
« Le soir, je rentrais chez moi et je me demandais si j’avais aidé une personne ? Non. J’avais fait du chiffre : oui. Après mon diplôme en comptabilité, j’ai occupé des postes de cadres dans différentes entreprises de Nice. Je vivais une vie confortable mais il manquait quelque chose. Un élément qui complète l’être humain. En décembre 2010, j’ai rencontré dans les rues de Nice un responsable de la Congrégation de l’Armée du Salut qui réalisait une collecte avec une marmite. La marmite de Noël.
Dans les jours qui ont suivi cette rencontre, je suis devenu bénévole au poste (paroisse) de l’Armée du Salut à Nice. Je proposais de temps en temps mon aide sur des missions ponctuelles : distribution une fois par semaine des repas du soir, collecte de la nourriture à la banque alimentaire. Mais après, l’aide est devenue régulière. Je participais à la maraude de nuit du mardi et du vendredi, je me rendais au restaurant social pour aider les bénévoles à distribuer les repas, nettoyer la salle après chaque repas.
De bénévole à salarié
En 2016, le poste de l’Armée du Salut m’a proposé de devenir salarié. J’ai accepté et j’ai démissionné du poste de cadre que j’occupais dans une enseigne de distribution de produits culturels. Mes fonctions à ce nouveau poste sont très variées. Je suis le bras-droit du coordinateur des missions sociales à Nice et je m’assure du bon fonctionnement des dispositifs d’aide alimentaire d’urgence : la maraude, les distributions de colis aux familles et le restaurant social.
Le restaurant social a vocation à apporter un repas chaud et un temps de pause à toutes personnes qui poussent notre porte. Nous accueillons toutes personnes qui le souhaite avec une limite d'environ 120 personnes par jour sans distinction de revenu. Le restaurant ouvre de 11H jusqu'à 12h30. Les bénéficiaires sont des personnes sans-abris, mais aussi des personnes âgées qui recherchent de la compagnie, des hommes âgés isolés avec une petite retraite et des travailleurs précaires.
Utile à la société
La maraude offre des repas complets aux personnes qui n’ont pas de toit et qui doivent vivre dans les squares, sous les ponts ou dans les halls de la gare. Nous distribuons aussi des repas à vélo dans la ville de Nice aux personnes qui rencontrent des difficultés pour se déplacer. Et la distribution des colis alimentaires a pour objectif de faciliter la vie d'une classe de citoyens qui a du mal à assumer la charge financière de la nourriture et qui a potentiellement un travail mal rémunéré ou qui est sans ressources ou encore qui touche une petite retraite.
A l’Armée du Salut, j’ai découvert un univers que je ne connaissais pas. Dans ma vie d’avant, les êtres humains de ce monde apparaissaient après que je fermais la porte de ma maison. Des hommes isolés, sans-abris, des femmes seules avec leurs enfants, des personnes âgées avec de faible retraite., des couples ou des familles qui ont un logement mais qui ne peuvent plus payer les charges financières liées à l’alimentation. Aujourd’hui, je rentre chez moi et je peux dire que je me sens utile à la société. »
Propos recueillis par Mayore Lila Damji