Entre crainte et espoir : le long chemin parcouru par Marine

Publié le : 18 juillet 2017
Texte présentation

2009, un matin, à Mulhouse. Marine, son mari et ses deux enfants de 3 et 5 ans viennent de passer plusieurs jours et nuits à l’arrière d’une camionnette, avec une autre famille, pour arriver en France. Marine a quitté l’Arménie, avec sa famille mais tout n’a pas été simple pour elle, comme elle nous le raconte. Elle travaille aujourd’hui pour la Fondation de l’Armée du Salut qui l’a accueillie à son arrivée.

« Le camion ne roulait que la nuit pour éviter les embouteillages. Nous étions très nombreux dans le camion. Entassés à l’arrière avec mon compagnon, mes deux enfants et une autre famille et leurs enfants. On était assis sur les cartons et on dormait par terre.

Nous avions rapporté à manger mais avec la peur vous n’avez pas faim. Russie, Pologne, Ukraine, Allemagne : 4 jours de route en camion pour atteindre la France.

Nous avons toujours vécu à Erevan, la capitale de l’Arménie. Mon père est chauffeur routier, et un de mes deux frères est maçon. Je suis née en 1985 en Arménie où après mes études, je suis devenue vendeuse dans une boucherie. C’est aussi en Arménie où j’ai rencontré mon compagnon. Tous les deux nous avons eu deux de nos quatre enfants en Arménie et deux en France.

Mais dans notre pays l’isolement social extrême était notre quotidien. Si vous ou votre famille n’avez pas d’argent, on vous rabaisse et on vous bloque dans votre ascension sociale.

Avec deux enfants, de 3 à 5 ans, à l'arrière d'un camion

Cette atmosphère n’était pas supportable et nous avons décidé avec mon compagnon, en 2009, de quitter le pays. C'était aussi la meilleure solution pour l'avenir de nos enfants. Nous avons vendu tous nos objets pour pouvoir payer le voyage pour la France : un voyage qui nous a coûté $30 000 (26 000 €). Et un voyage qui a commencé à l’aéroport international Zvartnots pour prendre le vol pour Moscou. Une fois arrivée en Russie, nous avons pris place avec mon compagnon, mes deux enfants âgés de 3 et 5 ans à l’époque et une autre famille à l’arrière d’un camion.

La première ville française où nous avons posé nos bagages c’était Mulhouse (Haut-Rhin). Le passeur nous a dit de descendre du camion et d’aller demander à la police de nous aider à trouver un centre d’hébergement. Nous avons été orientés par le 115 vers la Fondation de l’Armée du Salut à Richwiller (Haut-Rhin), en 2009. La Fondation de l’Armée du Salut nous a accueillis pendant deux ans et demi, jusqu’en 2011. Puis nous sommes allés en 2012 au Bon Foyer, un autre établissement de la Fondation de l’Armée du Salut, à Mulhouse.

Mon compagnon et moi avons fait une demande d’asile. Dès notre arrivée, j’ai commencé à apprendre le français : j’ai appris des mots en écoutant les travailleurs sociaux. Après avoir passé plusieurs années dans des établissements de la Fondation de l’Armée du Salut, nous avons emménagé dans un appartement que le Bon Foyer nous loue.

Mon rêve : devenir aide soignante

Aujourd’hui, nous avons obtenu un permis de travail, car nous souhaitions être autonomes. Nos enfants sont scolarisés et je travaille au Bon Foyer comme agent d’entretien et commis de cuisine. Je suis en contrat aidé de 24 heures par semaine. Mais mon rêve est de devenir aide soignante : je veux aider les autres car on m’a aidée.

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