« J’essayais de vivre, mais un jour j’ai baissé les bras … »

Publié le :
Texte présentation

Jean-Paul a 56 ans. Originaire de Normandie, il a vécu une vie de famille paisible jusqu’au jour où, après une  rupture conjugale, il a baissé les bras et tout s’est enchaîné. A la rue, il a failli mettre fin à ses jours, jusqu’à ce que l’Armée du Salut lui ouvre ses portes. Retrouvez le parcours d’un homme qui souhaite aujourd’hui prendre de nouveau son envol. 

Image à la une
Nom, prénom témoignage
Jean-Paul
Détail sur la personne
Résident de l'Armée du Salut à Maromme
Blocks
Redacteur
Texte

« En ce mardi matin, ma vie tenait dans deux, trois valises. J’étais expulsé de mon appartement. Alors qu’avant j’y vivais, avec une femme et un fils. Mais la vie n’est pas un long fleuve tranquille : rupture conjugale, perte d’emploi et de logement. Je me suis retrouvé à trouver un abri dans les rues de Rouen, en Normandie la région où j’ai grandi. 

Enfant, j’ai suivi une scolarité sans grandes difficultés. A l’âge de 15 ans, j’ai fait un CAP en bâtiment pendant trois ans et je suis devenu peintre d’intérieur. A 18 ans, j’ai signé mon premier contrat avant de faire mon service militaire. A mon retour dans la société, j’étais au chômage. Je suis ensuite devenu vendeur en matériaux, à Dieppe, pendant cinq ans. 

Ma vie commençait à s'organiser et stabiliser

Après ces années d’activité, j’enchaîne de nouveau une longue période de chômage. Je décide donc de quitter Dieppe et de venir vivre à Rouen. 

En 1984, sans connaissance ni attache dans Rouen, j’y ai posé mes valises. J’habitais dans un hébergement de nuit pendant un an le temps que je retrouve du travail.  Quand on est jeune, on est insouciant, on se dit qu’une vie dans un centre d’hébergement c’est passager, on ne pense pas à l’avenir. Ma vie commençait petit à petit à s’organiser et stabiliser. J’ai fini par trouver un travail d’animateur de rue dans un foyer. Je préparais des activités pour la petite enfance et ensuite pour les 18-20 ans. J’ai occupé ce poste pendant 5 ans, jusqu’en 1990. 

 

Block: Texte + Image
Texte

C’est à Rouen que j’ai rencontré ma petite amie qui allait devenir la mère de mon fils. J’étais heureux dans la vie. Tous les trois nous vivions dans un appartement et je gagnais un salaire de 1200 euros par mois. Mais pour arrondir les fins de mois, je travaillais comme peintre parfois. 

Début 2005, alors que tout se passait bien, les problèmes ont commencé à ravager ma vie : mon épouse est partie sur un coup de tête après 25 ans de relation… Je me suis retrouvé à vivre tout seul. 

Je ne m’attendais pas à ce que tout s’écroule soudainement !

Pendant plusieurs années, j’ai essayé de vivre ainsi, mais un jour j’ai baissé les bras. Je me suis retrouvé au chômage, je ne payais plus les loyers et j’ai perdu mon travail. J’ai été expulsé : mes objets personnels ont été saisis, je suis parti avec mes habits, mes papiers, photos souvenirs. Ma situation : sans toit, ni famille et endetté… je ne m’attendais pas à ce que tout s’écroule soudainement ! J’ai tout de même fait un dossier de surendettement avec une assistante sociale. La Banque de France a décidé de m’attribuer le minimum vital : 50 euros par semaine pendant 5 ans. 

Au fond du trou, Je pensais avoir des amis pour m’abriter mais je me suis rendu compte que ce n’était pas le cas.

Texte

Alors tous les jours, j’avais l’espoir de dormir à l’abri. Chaque appel au 115, jusqu’à 22 heures, apportait son lot d’espoir. Chaque virée sous les lampadaires des rues en pleine période hivernale apportait son lot de craintes et d’angoisses. Hôpitaux, hall d’escalier, les halls d’urgence, jardins, squares étaient devenus mon quotidien. Quand on est à la rue les gens ne sont plus humains, on m’a dit si tu es pauvre c’est normal, c’est de ta faute. Dans ces passages à vide de mon existence, je voulais mettre fin à ma vie…

Je voulais m’en sortir, j’ai donc commencé à trouver un soutien et un accompagnement au Carrefour des solidarités. Je m’y rendais pour manger le midi et me mettre à l’abri. 

Pendant cette période sombre, j’étais suivi par un psychologue : j’étais vidé.  C’est au Carrefour des Solidarités qu’un assistant social a monté un dossier pour que je puisse être accueilli par l’Armée du Salut, à Maromme. Un dossier pour un accompagnement global afin de trouver un emploi et un logement. 

Aujourd'hui, grâce à l'Armée du Salut j'ai retrouvé un logement 

2016. Je suis arrivé à l’Armée du Salut il y a deux ans. J’ai pris mes quartiers dans un petit studio, un lit, un frigo avec une cuisine pour deux. 

J’ai même retrouvé du travail. J’ai signé un contrat de réinsertion de 12 mois dans le bâtiment, mais affaibli par plusieurs mois à la rue, je n’ai pas poursuivi pour des raisons de santé. J’ai pris le temps de me reconstruire et envoyé une demande à Pôle Emploi pour suivre une formation de vendeur en libre-service. 

Ma vie retrouve progressivement une stabilité. Depuis 2017, je suis en colocation dans un appartement de l’Armée du Salut qui continue de m’accompagner, mais je cherche maintenant un poste de de vendeur en libre-service, dans le bricolage par exemple, un domaine que je connais bien. Et je rêve de devenir à nouveau indépendant.