Kamel a perdu sa maison mais a retrouvé un « Palais » à la Cité de Refuge
Parmi les 292 personnes accueillies aujourd’hui à la Cité de Refuge, nous avons rencontré Kamel, 60 ans, qui nous raconte son parcours de vie et comment l’artisan qu’il est s’est retrouvé en difficulté, après plus de 40 ans d’activité professionnelle ininterrompue.
« Avant d’arriver ici (NDLR la Cité de Refuge), j’avais un toit. Avant d’être sans emploi, j’étais artisan. Avant de venir en France, je vivais en Tunisie. Après le bac, j’ai obtenu un diplôme en droit et j’ai aussi fait des études en pétrochimie, j’ai quitté ma Tunisie natale, à 19 ans, pour aller découvrir le monde. J’ai travaillé pour une compagnie pétrolière américaine dans différents pays : Etats-Unis, Argentine, Libye, Syrie et Irak. Je faisais de la soudure, du sablage. J’ai appris à parler plusieurs langues notamment l’anglais, l’arabe et l’espagnol.
En 1980, j’ai décidé de venir m’installer en France et commencer à faire de l’artisanat, à mon compte. Le revêtement de sol, l’assemblage de cuisine, voilage, c’était mon quotidien. J’ai exercé ce métier pendant 30 ans. En août 2012, j’ai dû rendre ma carte d’artisan. C’était la conséquence de la crise de 2007. Pour continuer à avoir un revenu afin de payer mes dépenses notamment le loyer, j’ai accepté de faire des missions en intérim en Sologne (Loir-et-Cher) pendant un an. De retour en région parisienne, j’ai pu vivre grâce aux petits boulots que je décrochais comme refaire des tableaux électriques, faire de la retouche de peinture.
Ici, je me sens dans un beau "Palais"
Je me suis ensuite inscrit dans une boîte d’intérim qui m’a un jour proposé d’aller faire une mission à l’Académie du bricoleur. J’étais chargé de préparer le plateau d’un tournage de film publicitaire qui montrait comment poser une baignoire. J’ai travaillé pour l’Académie entre septembre 2013 et avril 2014. Je touchais un salaire mais je n’avais pas les moyens de me payer un loyer. Avant la crise, j’avais mon propre logement. Quand j’ai perdu mon toit, j’ai dormi deux nuits chez des amis. Ma femme et mes enfants ne savent pas que je suis hébergé dans un centre d’hébergement et de réinsertion sociale. C’est mon assistante sociale qui m’a proposé d’aller dans un hôtel social : la Résidence Albin Peyron, gérée par la Fondation de l’Armée du Salut, dans le 20è arrondissement de Paris. Puis le 30 novembre 2015, je suis arrivé à la Cité de Refuge.
Ici, je me sens dans un beau palais. Tout le bâtiment a été rénové et restauré. Construit dans les années 1930, la Cité de Refuge accueillait des personnes en difficulté dans des dortoirs et les douches étaient communes. Aujourd’hui c’est différent ! Il y a des chambres pour les personnes seules, des studios pour les familles et des toilettes individuelles. Après les travaux, les résidents de la Cité de Refuge sont plus tranquilles. En ce qui me concerne, je suis de passage ici. Je compte récupérer ma carte d’artisan et avoir mon propre logement. Ce ne sont pas des espoirs mais mes objectifs. Car je suis quelqu’un de réaliste. Mais paraît que l’espoir fait vivre ? »