Un nouveau logement et un nouveau travail

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Perte d’emploi, de logement, coincé dans la précarité pendant plusieurs années, Hassan n’a jamais baissé les bras. Il est aujourd’hui salarié en insertion à l’Armée du Salut de Lyon. Après un rude parcours de vie, il rêve de reconstruire sa nouvelle vie sereinement. Je découvre son témoignage. 

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Hassan qui après plusieurs années dans la précarité est aujourd'hui salarié en insertion à l’Armée du Salut de Lyon.
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« Je m’appelle Hassan et j’ai 57 ans. Aujourd’hui, je vis dans une pension de famille de la Fondation de l’Armée du Salut à Lyon : dans un T1 spacieux, éclairé, en plein centre-ville. Je travaille comme logisticien au centre d’hébergement et de réinsertion sociale (CHRS), Lyon-Cité, un établissement de la Fondation de l’Armée du Salut. J’ai vécu une enfance et une adolescence heureuse, en Normandie et à Paris, entouré par mes proches. 
Après un brevet d'études professionnelles (BEP), je suis devenu dessinateur industriel, avec une spécialisation dans les systèmes automatisés. Assez tôt, j’ai signé mon premier CDI et j’étais bien payé, largement au-dessus du Smic. J’avais mon propre appartement à Paris et tout se passait bien.
Ma vie n’a pas été toujours aussi paisible. Elle a commencé à glisser vers la précarité quand soudainement j’ai perdu mon emploi, en 1999. J’ai réussi à tenir quelques mois sans travailler mais j’ai finalement dû rendre les clés de mon appartement faute de revenus réguliers. 

« La précarité est devenue mon quotidien »

La précarité est devenue mon quotidien. J’ai commencé à me rendre dans les structures sociales pour demander un hébergement et j’ai découvert l’importance du travail des travailleurs sociaux. J’appelais le 115 tous les jours, c’était long au téléphone, il y avait de l’attente. J’ai finalement été orienté vers un centre d’hébergement d’urgence (CHU). Je suis resté dans le circuit des structures sociales pendant 1 an et demi. Et j’avais fait une demande de logement social, qui n’a jamais abouti. Une situation instable n’aide pas à trouver du travail. L’horizon était bloqué dans la région parisienne, j’ai donc tenté ma chance à Lyon.  Fin 2002, dès mon arrivée dans le 7ème arrondissement de Lyon, j’ai appelé le 115 depuis une cabine téléphonique. La réponse a été immédiate : on m’a proposé une chambre dans un CHU.

Une chambre dans un CHU

L’équipe du centre m’a délivré une carte de 3 mois pour vivre dans le centre. Pendant ces 3 mois, je faisais des démarches : formations professionnelles, mise à jour des documents à la Sécurité sociale. Durant mon passage dans le CHU on m’a proposé de rejoindre un chantier d’insertion. J’ai travaillé pendant plusieurs années dans le domaine de l’ébénisterie, la restauration et la logistique. Grâce à cet emploi, j’ai pu louer un appartement dans Lyon et je suis sorti du circuit des structures sociales

Travailler pour ne pas sombrer dans le chômage et la précarité

Le marché de l’emploi était en tension dans ces années, il était très difficile de trouver un travail stable. Pour ne pas sombrer dans le chômage et la précarité, j’ai accepté de travailler comme saisonnier dans une société qui propose des séjours de vacances. J’ai travaillé en Corse pendant l’été, en hiver dans les Alpes, payé et logé par la société. Mais ce travail ne me garantissait pas un revenu régulier. J’ai tenu quelques mois avant que les difficultés financières me poussent, de nouveau, à rendre les clés de l’appartement. Je louais des chambres d’hôtel en payant avec le salaire gagné de mes petits boulots. 

« Grâce à l’Armée du Salut, j’ai pu souffler et construire un projet de vie »

En 2019, la Maison de la veille sociale à Lyon m’a parlé de la Fondation de l’Armée du Salut. J’ai poussé pour la première fois les portes de suis arrivé au CHRS Lyon-Cité il y a 5 ans. Pendant 4 ans, la Fondation de l’Armée du Salut m’a offert une tranquillité dans la vie et la possibilité de souffler. Pendant ces 4 années, j’ai mis de l’ordre dans ma vie et j’ai construit un projet de vie

En contrat à durée déterminé d’insertion

Aujourd’hui, ça fait 7 mois que je suis en pension de famille. J’ai mon appartement et les travailleurs sociaux de Lyon-Cité m’accompagne dans mes démarches administratives et médicales. Mes loyers sont payés par ma curatelle.   Je viens de signer un CDDI (contrat à durée déterminé d’insertion) renouvelable tous les 6 mois. Je travaille dans comme logisticien pour le restaurant social de Lyon-Cité et nous sommes une équipe de 17 personnes

Participer aux décisions politiques

Depuis que je suis à la Fondation de l’Armée du Salut, j’ai intégré le Conseil national des personnes accueillies ou accompagnées (CNPA) et le conseil régional des personnes accueillies et accompagnées (CRPA) Rhône-Alpes. Les CNPA et le CRPA sont composés de personnes qui ont connu la précarité et la vie à la rue et quand nous nous rencontrons nous échangeons sur nos expériences de la précarité pour fournir des avis plus concrets et plus précis aux décideurs politiques pour que ceux qui prennent des décisions soient à à l'écoute de la réalité. »