"Vous imaginez le poids qu’ils ont sur leurs épaules ?"
A Montpellier, la Fondation de l’Armée du Salut accueille des jeunes qui rencontrent des difficultés dans leurs apprentissages et sont souvent stigmatisés par la société. Maeva, éducatrice spécialisée auprès de ces jeunes, nous explique comment elle et toute l'équipe de l'Institut Nazareth les aident à reprendre confiance en eux-mêmes.
En quoi l’accompagnement des jeunes en DITEP (dispositifs thérapeutique éducatif pédagogique) consiste-t-il ?
Avec l’ensemble de l’équipe professionnelle, nous accompagnons des jeunes qui ont des troubles du comportement. Cela peut s’incarner par un enfant qui n’arrive pas à suivre en classe, qui s’agite et finit par se faire exclure car il n’arrive tout simplement pas à tenir une heure en place, assis sur une chaise. Mais il peut s’agir aussi d’un jeune qui présente une sensibilité spécifique et se retrouve violent, que ce soit envers lui-même ou d’autres personnes. Ou encore un enfant hypersensible au bruit ou toucher, qui a des troubles psychiques l’empêchant d’être à l’aise en collectif. C’est ce qu’on appelle souvent des handicaps invisibles. L’Institut Nazareth travaille au service de ces enfants sur trois grands axes (thérapeutique, éducatif et pédagogique) et c’est la diversité (dans le « jargon » professionnel, la « pluridisciplinarité ») des équipes qui leur permet de prendre en compte les besoins spécifiques de chaque jeune de façon complémentaire, et d’enrichir ainsi l'accompagnement.
Alors qu’ils sont en plein développement, ces jeunes sont souvent stigmatisés, exclus, jugés ou pointés du doigt
Quel regard la société porte-t-elle sur ces jeunes ?
Ces adolescents voient bien que la société les rejette et a tendance à valoriser le négatif avant tout. Notre travail est donc forcément plus compliqué. Selon l’étiquette la plus fréquente, ces enfants sont caractérisés comme « mal élevés » ou « mal éduqués ». Alors qu’ils sont en plein développement, ces jeunes, malgré leur âge, sont souvent stigmatisés, exclus, jugés ou pointés du doigt. Quelle estime d’eux -mêmes ces enfants peuvent-ils avoir, alors que, dès leur plus jeune âge, la société les range dans la catégorie d’« inadaptés » ? Imaginez-vous le poids qu’ils ont sur leurs épaules !
Tous les professionnels de l’institution prodiguent du « soin »
Quelles solutions proposez-vous aux jeunes accueillis pour qu’ils se sentent valorisés ?
Notre rôle à l’Institut Nazareth est d’être là pour eux. Leur offrir un accompagnement qui va se faire autour du soin. Cela se traduit par exemple par des accompagnements psychologiques, chez des orthophonistes, des ergothérapeutes. Mais le soin, ce n’est pas que ça, c’est aussi la secrétaire qui voit le jeune arriver le matin et qui, tout de suite, perçoit son état émotionnel. C’est aussi l’équipe ménage qui croise et écoute les jeunes sur des temps d’internat. Tous les professionnels de l’institution prodiguent du « soin ». Le soin, c’est aussi permettre aux jeunes de participer à un projet de rénovation d’une chapelle située au sein de notre établissement. Ils sont plusieurs à réaliser un stage d’inclusion avec les équipes du bâtiment ; ils mettent la main à la pâte, par exemple pour dessiner des têtes de gargouille qui seront ensuite être fixées sur la porte de cette chapelle. Créer du beau pour se sentir mieux.