Madame la Première ministre, le milieu associatif se meurt !
Madame la Première ministre, le milieu associatif se meurt ! Face à l'inflation et à la hausse de la demande, le secteur associatif est en danger de mort si des mesures concrètes et décisives ne sont pas mises en place. Après l'annonce du président des Restos du cœur, plus d'un millier d'associations de terrain, dont la Fondation de l'Armée du Salut ont adressé une tribune, publiée dans Libération, à la Première ministre.
Madame la Première ministre,
Le secteur associatif est le poumon de la France. Il est le premier employeur privé de notre pays et représente 1,8 million d'emplois. Au quotidien, nous distribuons des millions de repas, aidons des jeunes à se projeter dans leur avenir et nos aînés à mieux l'appréhender, œuvrons pour une santé plus juste au service des patients et de l'hôpital public, luttons contre le harcèlement entre pairs et les violences faites aux enfants en milieu scolaire et extrascolaire, prenons en charge des victimes de violences intrafamiliales et conjugales, créons des potagers urbains pour favoriser le lien social dans notre quartier, défendons la cause animale... Certains d'entre nous sont sur le terrain depuis des décennies, d'autres découvrent chaque jour un peu plus notre tissu associatif et sa capacité à agir, à répondre à l'urgence, à accompagner là où ni le privé ni le public ne le peuvent.
Dimanche midi, chaque association s'est reconnue dans l'histoire que nos confrères des Restos du coeur ont partagée. Comme eux, nous nous battons en silence depuis des mois pour faire face aux demandes qui explosent partout en France depuis la pandémie de Covid-19 et éviter une catastrophe sociale et humaine. Le jour, nous accompagnons une précarité que jamais nous n'avions rencontrée jusqu'à présent. La nuit, nous nous demandons avec quelles ressources nous allons pouvoir continuer.
A ce jour, nous ne disposons en effet d'aucun levier pour faire face à l'inflation et à ses conséquences : comment sommes-nous censés aider efficacement celles et ceux que l'inflation frappe de plein fouet si nous-mêmes ne sommes pas soutenus ? Notre seule solution serait de collecter plus et, sans le soutien du secteur privé (qui finance à ce jour plus de 60 % de l'action associative en France) et sans la générosité du grand public, nous aurions déjà mis la clé sous la porte.
Un secteur ni résigné ni résilient
Madame la ministre, le secteur associatif n'est ni résigné ni résilient. Il doit être respecté et valorisé.
Yves Mérillon, porte-parole des Restos du cœur a précisé sur France Info le 4 septembre 2023 que dix des quinze millions d'euros d'aides annoncées dimanche soir au JT de TF1 étaient déjà dans les tuyaux et négociés par les Restos du coeur. Cela ne représente qu'une faible part du budget qui leur est nécessaire pour nourrir 1,3 million de personnes. Le cas des Restos du coeur n'est qu'une manifestation de la détresse invisible dans laquelle l'ensemble de notre secteur est plongé.
La Croix-Rouge, le Secours populaire ainsi que tous ceux qui, chaque jour, soulagent la détresse ont également sonné l'alerte. La réalité quotidienne de l'ensemble des acteurs de terrain mérite des mesures pérennes. Nous sommes 1 000 associations de terrain et dirigeants associatifs et nous vous demandons des mesures concrètes :
- Exonérer les associations des charges Urssaf sans rattrapage
- Créer des aides spécifiques à l'emploi du secteur associatif et notamment au financement et à la pérennisation de contrats salariés non-cadres
- Favoriser l'attribution de Conventions pluriannuelles d'objectifs (CPO) pour permettre aux associations soutenues par le secteur public de pouvoir bénéficier d'une visibilité à plus d'un an sur leurs soutiens
- Réunir les acteurs concernés par secteur d'intervention (social, santé, aide alimentaire, précarité, lutte contre les violences, emploi…) et notamment les associations les plus proches du terrain pour discuter des sujets propres à leur secteur.
Ces mesures peuvent être mises en place immédiatement et auront un impact décisif pour le secteur. Vous avez le pouvoir de faire en sorte que le milieu associatif ne disparaisse pas. Agissez.
Signataires
Sibylle d'Arfeuille, déléguée générale d'Aïda ; Olivia Bars, déléguée générale de La Cloche ; Edouard Bergeon, réalisateur et cofondateur du Collège citoyen de France ; Vincent Berne, codirecteur général de J'accueill ;, Benjamin Blavier, cofondateur et président exécutif d'Article 1 et cofondateur du collectif de l'Ascenseur ; Mathilde Boulay, déléguée générale du collectif de L'Ascenseur ; Guy Bouguet, président d'ELLyE (Ensemble leucémie lymphomes espoir) ; Souad Boutegrabet, directrice générale de DesCodeuses ; Pascal Brice, président de la Fédération des acteurs de la solidarité (FAS) représentant 870 associations ; Yvanie Caillé, fondatrice de Renaloo ; Moussa Camara, président fondateur de Les Déterminés ; Clémentine Charlemaine, déléguée générale de Cinéma pour tous ; Jan-Marc Charrel, président de France Rein ; Ericka Cogne, directrice générale de Télémaque ; Dr. Clélia Compas, fondatrice de Yambi et cofondatrice de Corridor Citoyen ; Samuel Coppens, président du Centre d'action social protestant (CASP) ; Thierry Cotillard, chef d'entreprise et cofondateur du Collège citoyen de France ; Diariata N'Diaye, fondatrice et directrice de Resonantes ; Anne-Cécile Dockès, directrice générale de l'Association de coopération pour le logement des étudiant·es de France (ACLEF) ; Jacques Donzé, président de la Fondation de l'Armée du salut ; Céline Dupré, présidente de RoseUp ; Marc Epstein, président de La Chance, pour la diversité dans les médias ; Stéphanie Fugain, fondatrice et présidente de l'association Laurette Fugain ; Clotilde Gilbert, directrice générale de Wake up Café ; Maryline Gygax, ancienne directrice du Service de santé des armées et cofondatrice du Collège citoyen de France ; Benoît Hamon, directeur général de Singa Global ; Dr. Ghada Hatem, présidente de l'association la Maison des Femmes de Saint-Denis ; Guillaume Herisson, codirecteur général de l'Association pour une réinsertion économique et sociale (Ares) ; Tara Heuzé-Sarmini, fondatrice de Règles élementaires et cofondatrice de la startup à mission Commune Coliving ; Nayla Ibrahim, déléguée générale de Le Choix de l'école ; Anne-Sophie Joly, présidente du Collectif national des associations d'obèses (Cnao) ; Tania de Montaigne, écrivaine et cofondatrice du Collège citoyen de France ; Bruno Morel, responsable associatif, intervenant au Collège citoyen de France ; Léa Moukanas, présidente fondatrice d'Aïda et cofondatrice du Collège citoyen de France ; Richard Odier, directeur d'OEuvre d'assistance sociale à enfance juive (Odasej) ; Christine Pellicane, directrice et metteuse en scène de la Compagnie Tamèrantong ! ; Jean-François Rial, coprésident de Refettorio ; Virginie Salmen, cofondatrice et codirectrice de ViensVoirMonTaf ; Moussa Sylla, président de l'association de jeunes pour le développement à Bagnolet (AJDB) ; Dominique Versini, ancienne secrétaire d'Etat chargée de la lutte contre la précarité et l'exclusi