Édito
« Certains de mes meilleurs hommes sont des femmes. » William Booth
Si l’Armée du Salut existe aujourd’hui dans 134 pays, elle le doit en grande partie à l’action de femmes qui se sont levées et qui se sont battues pour changer le monde. Beaucoup d’entre elles étaient des femmes « ordinaires » que rien ne prédestinait à des destins glorieux.
L’histoire de l’Armée du Salut nous montre que, lorsque l’on donne leur chance aux personnes et en particulier aux femmes, elles se révèlent. Deux éléments sont déterminants pour sortir de la précarité et de l’exclusion : le logement et le travail. En ce qui concerne le logement, la priorité est souvent donnée aux femmes (avec enfants), mais pour le travail, il en va autrement. D’autant plus que leur parcours les rend parfois encore plus éloignées de l’emploi. Les obstacles pour retrouver une place dans le monde du travail sont nombreux et, sans une aide et un accompagnement, les chances d’y arriver sont pratiquement nulles, les condamnant à la précarité à perpétuité.
C’est pourquoi l’Armée du Salut s’investit pour donner la possibilité à des femmes de retrouver un accès à l’emploi. Nous développons divers dispositifs adaptés avec des accompagnements bienveillants et de qualité leur permettant de se préparer à retrouver un travail « ordinaire ». C’est une partie très motivante de notre travail et, comme vous le verrez en lisant ce magazine, nous savons le faire.
Seulement, nous ne sommes pas capables de le faire seuls, c’est pourquoi nous sommes tellement reconnaissants de pouvoir compter sur vous, donateurs, pour investir dans ces actions pour les femmes, afin de leur donner une chance d’avoir une vie saine et autonome, et de leur permettre de retrouver l’estime d’elles-mêmes et de leurs proches. »
Jacques Donzé
Président de la Fondation de l’Armée du Salut
Lever les freins à l'emploi des femmes
Parce que le travail est un outil de rémunération, de sociabilisation, d’indépendance, de participation à la vie économique et d’épanouissement personnel, il est l’un des leviers les plus puissants pour s’insérer et sortir de la précarité. Mais force est de constater que les femmes en situation de fragilité rencontrent encore des difficultés à accéder à l’emploi. Que ce soit au sein de ses centres d’hébergement ou dans le cadre de chantiers d’insertion, la Fondation de l’Armée du Salut se mobilise au quotidien pour les accompagner.
Ce matin, à Vaulx-en-Velin (69), le temps est gris, mais les visages réjouis : 800 m2 de hangars abritent un magasin solidaire de la Fondation de l’Armée du Salut où l’on peut trouver vêtements, livres, jeux ou meubles d’occasion à prix mini. Le site accueille également une quarantaine de salariés en insertion qui trient les dons, réparent, mettent en rayon, vendent et encaissent.
Avant l’ouverture, ils fêtent le départ de Stéphanie, salariée en insertion professionnelle. La jeune femme, affublée d’un chapeau loufoque sur la tête, remercie l’équipe de l’avoir soutenue alors qu’elle était dans « une situation étouffante, enfermée avec sa maman malade ». Ici, Stéphanie a pu occuper son premier emploi et stabiliser sa situation. Elle est aujourd’hui prête à voler de ses propres ailes.
Une charge sociale et mentale oppressante
Le cas de Stéphanie est loin d’être isolé. Les femmes, confrontées à une pression sociale forte, peinent souvent à conjuguer vie personnelle et professionnelle. L’idée que c’est à elles de se rendre disponibles pour s’occuper d’un proche ou d’un enfant, mais aussi pour assurer les tâches ménagères, reste profondément ancrée.
Pour les femmes en grande précarité, s’ajoute la charge mentale liée à la difficulté de se nourrir, trouver un logement décent, avoir accès à des soins élémentaires. « Ces préoccupations pèsent lourd sur leurs épaules et empiètent sur le temps et la disponibilité d’esprit nécessaires pour un projet professionnel », explique Loïc Petit, encadrant technique d’insertion à Vaulx-en-Velin (69).
Pour les mères seules, trouver un mode de garde adapté relève du parcours du combattant. Le coût de la garde et le manque de structures de la petite enfance en mesure de répondre aux horaires atypiques ou fluctuants des femmes travaillant dans la restauration, la vente ou à l’usine rendent l’équation complexe.
Lucie, 20 ans, maman d’un petit garçon de 2 ans, est arrivée d’Angola adolescente. Elle a pu obtenir un CAP commerce et envisageait de s’orienter vers la vente, mais l’amplitude horaire de la crèche de son fils ne lui permet pas de travailler jusqu’à 20 h le soir et le samedi. Lucie a donc démarré un contrat d’insertion à Vaulx-en-Velin avec l’objectif de trouver un logement et un emploi plus compatible avec ses impératifs familiaux.
Les femmes victimes de violences tenues éloignées de l'emploi
Ajoutons qu’il existe aussi une corrélation entre violence intrafamiliale et difficulté d’accès à l’emploi .
Aux Glycines (30), centre d’hébergement de l’Armée du Salut à Nîmes dédié aux femmes avec ou sans enfants, environ 65 % des femmes ont été victimes de violence. « Certaines, sous emprise, ont pu être tenues éloignées de l’emploi par leur conjoint. Pour celles qui avaient un emploi, la honte et les conséquences de la violence sur leur santé physique et mentale les ont contraintes à quitter leur poste.
Lorsque ces femmes arrivent ici, elles manquent cruellement de confiance en elles. Trouver un emploi est pourtant essentiel pour elles, pour ne plus dépendre d’un homme. Le travail est la clé car il permet d’acquérir de l’autonomie et un logement, de changer le regard de la société et le regard sur soi », explique Arnaud Perraut, le directeur du centre.
L'Armée du Salut accompagne les femmes vers l'emploi
Accéder à l’emploi est ainsi un chemin semé d’embûches pour les femmes fragilisées.
Sans compter qu’elles restent encore trop souvent cantonnées aux métiers de l’entretien, du service à la personne et du soin, avec des emplois précaires, à temps partiel subi, en horaires décalés, sous-valorisés et mal rémunérés.
Au vu de ces conditions, beaucoup ont même renoncé à se porter candidates sur le marché du travail.
Dans ce cadre, l’Armée du Salut s’attache à faire changer les choses.
La Cité de Refuge à Paris a ainsi mis en place un chantier d’insertion spécialisé dans l’événementiel, avec l’organisation de visites de l’établissement signé Le Corbusier ou encore la location de salles à des associations et entreprises.
Au Palais de la Femme, à Paris, le chantier d’insertion Terre de Femmes propose des formations aux métiers de l’écoconstruction.
À Paris, Wailada Sotajinda, conseillère en insertion professionnelle, accompagne les femmes hébergées au sein de la Résidence Catherine Booth avec des séances de préparation à l’entretien d’embauche, d’aide à la rédaction de CV, d’orientation vers les structures d’insertion par l’activité économique (IAE).
« Mais, pour les femmes en situation de précarité, les projets d’insertion sont souvent fragiles », explique-t-elle. En effet, le moindre imprévu (changement d’horaire, problème de logement, de transport, de santé, grossesse) peut tout arrêter. C’est pourquoi la bienveillance et le suivi personnalisé sont précieux.
Un accompagnement personnalisé
« À Vaulx-en-Velin, les femmes reprennent progressivement un rythme, des horaires, apprennent à maîtriser les codes professionnels et se créent un cercle social. Elles peuvent travailler leur projet professionnel grâce à des formations ou des stages en immersion. Elles bénéficient d’ateliers bien-être, addiction, sommeil », explique Sonia Chikhi, conseillère en insertion professionnelle.
Parallèlement, Lou-Sophie Dervieux accompagne ces salariées sur le volet social (recherche de crèche, de logement, mise sous curatelle, démarches administratives…) afin d’améliorer leurs conditions de vie.
« Ici, la femme est prise en charge dans toutes ses dimensions : sociale, professionnelle, psychologique », assure Émilienne, salariée en insertion sur le site, qui a pu rencontrer une coach en vue de reprendre sa formation de gestionnaire de paie et a signé récemment un bail pour un logement plus grand, où elle pourra accueillir ses enfants.
Comment ne pas être sensible à la situation des femmes ?
Récemment décorée Officière des Arts et des Lettres, Mathilda May fait partie de notre paysage culturel. On l’a connue actrice, au cinéma et à la télévision.
Aujourd’hui, elle crée des spectacles singuliers qui mêlent musique, jeu et danse. Des spectacles sans paroles qui disent beaucoup de notre société. Citoyenne passionnée et empathique, Mathilda May s’engage aussi pour les causes qui lui tiennent à cœur.
Vous avez participé à un court métrage, L’Entretien*, qui rappelle la difficulté qu’ont les femmes à trouver un emploi. Pourquoi ?
Mathilda May : L’objectif était de montrer de manière très réaliste les préjugés et les questions ambivalentes auxquels les femmes sont confrontées lors d’un entretien d’embauche. Un trou dans leur CV ou un enfant à charge peut très vite les pénaliser. Les statistiques le confirment : les femmes, dans le monde du travail, sont traitées différemment des hommes. Dans toutes les sphères de la société et de leur quotidien, elles sont davantage dévalorisées et malmenées. Mais c’est long et compliqué de faire bouger les choses, car les résistances – culturelles, historiques, religieuses, politiques – sont immenses.
Avez-vous toujours été une femme engagée ?
Mathilda May : J’ai toujours été révoltée. J’ai une sensibilité exacerbée à tous les malheurs. Enfant déjà, je ne pouvais pas supporter de voir ma mère s’agiter, servir à manger, débarrasser la table alors que mon père restait assis. Mais je n’ai pas exprimé tout de suite cette révolte. J’ai beaucoup pratiqué la danse classique qui est un univers de soumission et de silence. Quand j’ai débuté au cinéma, j’ai été confrontée à des rapports de domination et à des comportements déplacés. Mais, à cette époque, j’étais très jeune, je cherchais à me faire une place et je ne me sentais pas en position de faire changer les choses.
Ce n’est que plus tard, quand j’ai pu prendre du recul, m’éloigner de cet enfermement, raconter mes propres histoires, que cette ouverture vers les autres et cette prise de parole ont été rendues possibles. Aujourd’hui, je soutiens volontiers des initiatives lors de soirées caritatives ou de débats. Rester un témoin passif, ce serait atroce pour moi.
À travers votre travail, vous faites également passer un message sociétal ?
Mathilda May : C’est vrai. Le vivre-ensemble est le fil rouge de mes spectacles. J’y décortique les comportements humains, je mets en lumière les invisibles, je démonte les stéréotypes. Dans Make-up par exemple, je décris ces différences de traitement entre les techniciens ou les travailleurs de l’ombre d’un côté et les stars de l’autre. Au cinéma, le mépris des classes est exacerbé. Il y a, dans ces métiers, énormément de personnes précaires, des hommes et des femmes qui se saignent pour venir à Paris, courent les castings la peur au ventre.
Avec le Théâtre des 2 Rives à Charenton (94), j’ai aussi développé une pédagogie du langage par le corps. Nous proposons sur le territoire des interventions dans le milieu médical ou associatif et j’ai souvent constaté combien cette approche avait de vertus pour tisser du lien entre les êtres.
Rapport d'activité 2023
Parce que vos contributions financières nous sont plus que jamais précieuses, nous nous attachons à les gérer avec rigueur et transparence. Partager ici les grandes lignes de ce rapport d’activité est l’occasion de détailler l’utilisation des fonds collectés et de vous remercier.
Grâce à la participation de nos financeurs publics et privés, le montant total des ressources de la Fondation en 2023 a enregistré une hausse (+7 %) s’élevant à 242 M€ dont, entre autres, 80 % issus de subventions et autres concours publics et 9 % de ressources collectées auprès du public. 92 % de l’ensemble des ressources ont pu être affectées à nos missions sociales.
Nous avions enregistré en 2022 un déficit de 4 M€. Nous avons pu redresser la barre en 2023 en dégageant un excédent de 1 M€, grâce à trois initiatives :
- l’amélioration des résultats opérationnels de nos établissements,
- l’optimisation de la gestion de trésorerie
- une plus-value exceptionnelle sur cession.
L’année 2024 s’annonce cependant difficile financièrement.
Vous dire merci, c’est important !
Cette année encore, avec près de 22 M€, la générosité des donateurs, testateurs et mécènes ne s’est pas démentie. Cette générosité du public, quelle que soit sa forme – dons, legs, assurances-vie, donations, mécénats financiers…, a permis à l’Armée du Salut de poursuivre ses missions de solidarité.
Nous constatons par ailleurs une baisse légère du nombre de donateurs. Le recrutement de nouveaux donateurs est ainsi fondamental.
C’est pourquoi l’Armée du Salut a fait le choix en 2023 d’investir dans une campagne télévisée. À noter que la collecte par voie digitale gagne aussi du terrain et représente désormais 14 % des dons privés.
Près de 14 M€, soit 64 % du montant de la collecte, ont ainsi pu être directement utilisés pour nos missions sociales, en faveur de l’inclusion, de la distribution alimentaire, de la prise en charge des personnes âgées, handicapées ou des jeunes en situation de fragilité…
Nous sommes extrêmement reconnaissants envers tous nos donateurs, testateurs et mécènes qui se sont mobilisées.
Votre confiance et votre engagement ont rendu possible la réalisation de nombreuses initiatives qui ont concrètement et positivement impacté la vie des personnes les plus vulnérables.
De nombreux défis sociaux et économiques restent à relever
Depuis la crise sanitaire en 2021, les défis à relever n’ont cessé de s’accumuler :crise économique, forte augmentation des taux d’intérêt, guerre en Ukraine, inflation sur les denrées alimentaires et l’énergie ont ainsi engendré des fractures sociales grandissantes.
Nos établissements et services eux-mêmes sont concernés par la hausse de ces coûts. De plus, le recours croissant à l’intérim, du fait de difficultés grandissantes de recrutement, vient fragiliser nos équilibres financiers. La revalorisation des salaires dans le cadre du Ségur de la Santé – quoiqu’il faille s’en réjouir pour nos salariés – pèse néanmoins fortement sur notre trésorerie, dans la mesure où les financements publics tardent à arriver.
Vos dons sont essentiels pour continuer à développer nos actions et pour financer des investissements d’humanisation que les pouvoirs publics ne couvrent plus au bon niveau, pour simplement nous permettre de maintenir notre qualité d’accueil. Vos dons contribueront à notre réussite collective, pour transformer la vie des plus fragiles.
Le don de titres : un acte de générosité aux multiples avantages
Vous disposez d’un portefeuille d’actions, d’obligations, de SICAV ou de FCP ? Vous souhaitez utiliser cette épargne au profit d’une fondation d’intérêt général telle que la Fondation de l’Armée du Salut ? Le don de titres vous permet de bénéficier d’avantages fiscaux significatifs, mais surtout de contribuer aux projets que nous menons afin de lutter contre toutes les formes de fragilité.
Le don de titres consiste à transmettre des titres financiers à un tiers. Contrairement aux dons en espèces, le don de titres permet au donateur d’offrir une valeur sans impacter ses liquidités.
Un avantage fiscal à double titre
Comme un don d’argent classique, le don de titres à la Fondation de l’Armée du Salut permet au donateur de bénéficier d’une réduction d’impôt. Dans le cadre de l’impôt sur le revenu, le don de titres est éligible à une déduction de 75 % jusqu’à 1 000 € (plafond 2024), puis 66 % sur le solde dans la limite de 20 % de votre revenu imposable. Pour plus de précisions, veuillez consulter l’encadré sur la question du donateur à droite de la page.
Comment procéder pour faire un don de titres à la Fondation de l’Armée du Salut ?
Sachez qu’il peut être préférable de passer devant un notaire, si votre don de titres représente un montant important au regard de votre patrimoine. Après le transfert de vos titres à la Fondation, nous vous adresserons un reçu fiscal à conserver pour votre prochaine déclaration d’impôt.
Vaut-il mieux donner ses titres ou les vendre puis en donner le produit ?
Si vous choisissez de vendre vos titres puis d’en transmettre le produit à la Fondation, vous serez redevable du prélèvement fiscal unique de 30 % qui s’applique aux plus-values.
Le montant de votre don sera donc amputé des prélèvements sociaux dus, tout comme votre exonération fiscale. À partir de 100 € d’actions, vous ne pouvez donner que 70 € après PFU (prélèvement fiscal unique).
Si les titres ont généré une plus-value au fil du temps, il est donc préférable de les donner directement à la Fondation. En effet, la Fondation de l’Armée du Salut étant reconnue d’utilité publique, elle est exonérée des droits de mutation : elle n’aura pas à payer de droits au moment de la cession.
Vous recevrez ainsi un reçu fiscal équivalent à la valeur au moment du don, plus-value incluse. Vos 100 € d’actions données reviendront entièrement à la Fondation.
Nous vous conseillons de contacter notre service donateurs au 01 43 62 24 18 afin que nous puissions vous accompagner dans ce processus et construire un projet ensemble.