La réalité virtuelle arrive dans les maisons de retraite médicalisées de l’Armée du Salut
Voyager sans bouger de sa chaise. C’est désormais possible dans trois maisons de retraite de l’Armée du Salut. Suivez-nous à Chantilly (Oise) où depuis quelques semaines, la Résidence l’Arc en Ciel teste auprès de ses résidents des casques de réalité virtuelle. Si le casque de réalité virtuelle permet de voyager, de se détendre et de s’évader, il fait aussi travailler la mémoire des personnes âgées dépendantes. Reportage.
Monique a 87 ans. Aujourd’hui, elle visite les animaux de la ferme du Ciran, dans le département d'Indre-et-Loire. « J’aime les animaux. J’ai vu les 300 hectares de flore de la ferme et j’ai assisté à la traite des chèvres, j’ai aussi visité le marché où on vendait du fromage, raconte cette ancienne fonctionnaire municipale. Avec mon mari, nous allions souvent au marché acheter du fromage ». Monique est accueillie à la Résidence l’Arc-en-Ciel, une maison de retraite médicalisée de la Fondation de l’Armée du Salut à Chantilly (Oise). Elle vient de vivre une expérience immersive grâce à une solution de réalité virtuelle adaptée.
Depuis fin mars 2021, la psychologue ainsi que l’animateur de l’établissement qui accueille 53 personnes âgées dépendantes proposent aux résidents volontaires de s’évader sans bouger de leur chaise. « Pour le moment nous faisons des essais afin d’identifier les résidents susceptibles de trouver un intérêt à suivre à moyen ou long terme des séances de réalité virtuelle », explique Nelly, la psychologue.
Le casque crée du lien avant, pendant et après la séance
« J’étais marin-pompier à Marseille ! ». Guy, 89 ans, veut visiter… Marseille. « Des souvenirs reviennent grâce à ces vidéos. Des souvenirs que je raconte ensuite à Nelly et Yann. Le casque de réalité virtuelle ça me plaît beaucoup », partage-t-il après avoir visité certains quartiers marseillais pendant 20 minutes. La durée d’une séance de réalité virtuelle est très variable en fonction de la disposition des résidents, de leur état cognitif, physique ainsi que de leur capacité à se concentrer : une séance peut durer 4 minutes comme une heure.
« La réalité virtuelle offre un sentiment d’évasion et de bien-être quasiment instantané aux résidents. On se rend compte aussi que le casque crée du lien puisqu’il y a une communication avant, pendant et après la séance. », observe Yann, animateur à la Résidence l’Arc-en-Ciel.
Personnes âgées dépendantes et personnes âgées souffrant d’un handicap, les ateliers de réalité virtuelle sont expérimentés actuellement auprès de différents publics dans trois établissements de la Fondation de l’Armée du Salut en France. Objectif : développer les ateliers de réalité virtuelle et en faire un outil d’accompagnement social et psycho-thérapeutique.
Une expérience humaine partagée
Jocelyne pointe du doigt un couple de lions de mer allongé sur le sable. Juste avant elle avait marché, la tête levée vers le plafond de sa chambre, entre les girafes. Les éléphants d’Afrique l’avaient impressionnée. A 70 ans, c’est une fidèle de ces voyages en 3D. Paysages, villes et animaux sont les thématiques préférées de Jocelyne. « Nous avons découvert que le casque de réalité virtuelle est un outil qui favorise l’expression mais aussi la communication avec les personnes atteintes de surdité ou de mutisme, comme Jocelyne », observe Yann.
« Notre objectif est de proposer dans quelques mois des séances avec 3 ou 4 résidents afin de leur faire vivre des expériences collectives. Ils sont nombreux à avoir manifesté de l’engouement, de l’enthousiasme, du plaisir. Certains ont été agréablement surpris. Il existe un vrai un intérêt pour ces voyages immersifs », constate Rodolphe Lux, directeur de la maison de retraite médicalisée. C’est la société française, Lumeen, qui a conçu le casque de réalité virtuelle thérapeutique « adaptée aux EHPAD et aux acteurs du bien-vieillir ».
Avec la crise sanitaire, les maisons de retraite médicalisées, leurs résidents ainsi que les professionnels ont traversé des moments éprouvants. Aujourd’hui, les voyages immersifs à travers les casques de réalité virtuelle offrent une vraie expérience d’évasion. Mais surtout une expérience humaine partagée.
Mayore LILA DAMJI