Pouvoir d’achat : vers des inégalités en hausse
Dans une analyse rendue publique le 6 décembre, le collectif Alerte, dont la Fondation de l’Armée du Salut fait partie, souligne que les projets de loi de finances et de financement de la sécurité sociale pour 2019 n’amélioreront pas le niveau de vie des personnes à revenus faibles ou modestes, voire risquent de le dégrader.
L’insertion durable des personnes en situation de (grande) précarité et la sortie de la pauvreté nécessitent d’associer des ressources correctes et un accompagnement de qualité : c’est le rappel que les 37 associations et fédérations membres du Collectif Alerte mettent en avant dans leur état des lieux et analyse du pouvoir d’achat des ménages, rendus publics le 6 décembre. Or en analysant de manière détaillée les projets de loi de finances et de financement de la sécurité sociale pour 2019, le Collectif s’inquiète de la perspective d’inégalités accrues pour 2019, en pointant en particulier :
- que la revalorisation de la prime d’activité, par ailleurs moindre qu’affichée (désindexation par rapport à l’inflation, etc.), ne bénéficiera qu’aux personnes percevant des revenus les plus proches du SMIC ;
- que la revalorisation de l’allocation adulte handicapé (AAH) coïncide avec le gel du plafond de ressources des couples et la suppression d’une allocation destinée aux personnes les plus sévèrement handicapées ;
- que la revalorisation de l’allocation de solidarité aux personnes âgées (ASPA) est « exceptionnelle » et désormais désindexée de l’inflation ;
- que le revenu de solidarité active (RSA) n’est pas revalorisé ;
- que les allocations logement, familiales et les retraites sont revalorisées de seulement 0,3%, alors que le taux d’inflation prévu pour 2019 est de 1,7% ;
- et que la baisse des cotisations salariales et l’exonération de taxe d’habitation ne bénéficieront pas aux personnes vivant dans les conditions les plus précaires (50% des ménages les plus précaires sont déjà exonérés de taxe d’habitation, par exemple).
Alors que près de 40% des personnes au chômage vivaient sous le seuil de pauvreté en 2016, et que le taux de pauvreté des jeunes entre 18 et 24 ans était passé de 17,6% à 23,3% entre 2002 et 2012, le Collectif souligne en conclusion que « l’absence, dans la Stratégie pauvreté du gouvernement, de mesure forte de revalorisation réelle des minima sociaux, et les décisions budgétaires de gel d’allocations vont dégrader le pouvoir d’achat de ceux qui ne peuvent retrouver un emploi à court terme, mais aussi de personnes en emploi. Ce n’est pas en voyant son niveau de vie diminuer qu’on peut vivre dignement et se réinsérer. »
Sources d’information :
- le communiqué de presse et l’analyse du Collectif Alerte
- la lettre ouverte du Collectif Alerte et du Collectif des associations unies au Premier ministre
- les travaux de l’Institut des politiques publiques sur le budget 2019
- l’étude « Minima sociaux et prestations sociales » de la Drees
- le communiqué de presse du Mouvement associatif sur le même sujet