"Dynamiser des communes grâce à l’arrivée de mineurs non accompagnés"
Jean-Luc Chenut, Président du conseil départemental d’Ille-et-Vilaine, dans une interview accordé à la Fondation de l'Armée du Salut, évoque l'accompagnement proposé aux mineurs non accompagnés (MNA) dans ce département de Bretagne. Il rappelle que le département a fait le "choix de mobiliser les élus du territoire à la fois pour rechercher avec eux des solutions d’hébergement, les associer aux projets d’accueil le plus en amont possible". Aujourd'hui, 24 jeunes sont accueillis et accompagnés en Sens-de-Bretagne.
Le Conseil Départemental est en charge de la protection des mineurs. Les mineurs non accompagnés que vous accueillez sont donc sous votre tutelle ?
En effet, les 629 mineurs non accompagnés (MNA) de notre département font l’objet de la même attention que les autres jeunes pris en charge par l’aide sociale à l’enfance, soit environ 6000 au total. Le critère commun est celui de la minorité, mais les choix politiques diffèrent selon les départements. En Ille-et-Vilaine, nous avons décidé d’exercer notre compétence en matière d’évaluation et d’intégration dans une logique de mise à l’abri rapide, avec des dispositifs d’accompagnement humains. La première priorité a été de trouver des bâtiments disponibles pour accueillir ces jeunes dans des conditions de vie acceptables, l’idéal étant des structures de 50 personnes au maximum. Pour les 24 mineurs non accompagnés dont s’occupe l’Armée du Salut à Sens-de-Bretagne, nous avons donné une priorité à l’affectation d’un hébergement au profit de l’accueil de ces jeunes, plutôt que d’envisager une opération immobilière.
Pourquoi implanter des lieux d’accueil en ville mais aussi à la campagne ?
Notre vision républicaine de cette question est de privilégier les centres ouverts, en lien avec la vie ordinaire des villes et des campagnes : ces jeunes ne sont pas des délinquants, mais de jeunes adultes en devenir qui ont besoin de se reconstruire avec les autres, en se sentant accueillis et encouragés dans leurs projets scolaires et professionnels. Les villes sont saturées sur le plan immobilier, et il est difficile de trouver des lieux compatibles même si nous disposons d’un site d’accueil en plein centre-ville de Rennes. Nous nous tournons aussi vers des petites communes, où les gens se connaissent, le travail d’intégration a donc toutes ses chances de réussite.
Vous travaillez donc beaucoup avec les élus des territoires du département ; en quoi est-ce important pour l’intégration des mineurs non accompagnés ?
Les mineurs non accompagnés sont répartis en France selon le principe de péréquation nationale, qui génère néanmoins certaines inégalités dans les flux. Le département s’efforce d’y faire face, y compris sur le plan financier puisque l’aide sociale à l’enfance est de notre ressort. Nous avons donc fait le choix de mobiliser les élus du territoire à la fois pour rechercher avec eux des solutions d’hébergement, les associer aux projets d’accueil le plus en amont possible, mais aussi travailler sur le long terme pour favoriser la dynamisation des communes grâce à l’arrivée de jeunes générations désireuses de s’intégrer et de contribuer à la vie du pays. Nous assistons d’ailleurs à de grands élans de solidarité de la part des habitants, qui se proposent comme bénévoles ou familles d’accueil pour les vacances. Les instituteurs proposent des activités de soutien à l’apprentissage du français et les centres de loisirs ouvrent leurs portes aux nouveaux venus. La citoyenneté est plus forte que la peur de l’inconnu quand on prend le temps d’expliquer et de partager les projets.
Pour en savoir plus sur les actions du Département : www.ille-et-vilaine.fr
Retrouvez également le dossier du Magazine des donateurs numéro 73 consacré à l'accueil des mineurs non accompagnés.