Cédric : un métier au cœur de l’urgence sociale
Cédric fait partie de l’équipe sociale d’un centre d’hébergement d’urgence installé dans un tiers-lieu, à Lyon. Pour l’Armée du Salut, il accueille plus de 200 personnes sans domicile, dont une grande majorité de familles. Il nous explique le travail de première urgence à réaliser dans un laps de temps très court auprès de femmes et d’hommes en grande difficulté sociale, et privées de logement. Témoignage.
Pouvez-vous nous présenter concrètement le dispositif dont vous avez la responsabilité ?
Cédric : Il s’agit du Centre d’hébergement d’urgence (CHU) situé aux Grandes Voisines, à Francheville. Nous accueillons des personnes, principalement des familles, qui n’ont pas de logement et dont la situation sociale, sanitaire et professionnelle nécessite une mise à l’abri urgente, surtout quand l’hiver approche. Nous accueillons également des personnes isolées et qui pour certaines souffrent d’une pathologie psychologique ou psychique.
Ici, les équipes de travailleur sociaux ont pour objectif principal est de faire gagner chaque résident en autonomie. Les parcours des familles et des personnes isolées sont singuliers. Certains ne savent ni lire ni écrire, d’autres ont eu un parcours d’errance dans la rue avec leur famille d’une durée de trois ans parfois, ce qui leur a fait perdre toutes les premières notions d’écriture ou de lecture qu’ils avaient acquises.
Les personnes que nous hébergeons sont des personnes « normales »
Concernant les publics accueillis : le dispositif accueille essentiellement des familles, des adultes isolés, quelles sont leurs difficultés, leurs attentes, leurs espoirs ?
C.: Nous accueillons principalement des familles de grande composition avec des enfants en bas âge : une vingtaine de ménages occupe aujourd’hui une centaine de places du centre. Nous hébergeons plus de 70 enfants, parmi eux la majorité a moins de 10 ans. Ce qui insuffle de la vie!
Nous avons 10 places d’accueil et d’hébergement pour des adultes isolés qui souffrent de difficultés psychologiques, notamment. Nous avons également mis à l’abri des personnes qui ont un handicap et des troubles psychiques. Nous accompagnons ces personnes dans leur parcours de santé : nous leur permettons d’ouvrir leur droit à l’aide médicale d’Etat ou facilitons l’accès aux permanences d'accès aux soins de santé (Pass). Des démarches très difficiles à entreprendre et à faire aboutir. A titre d’exemple, nous accueillons une personne qui a de graves difficultés respiratoires et qui aurait besoin d’une auxiliaire de vie. Aujourd’hui, ce sont les travailleurs sociaux qui jouent le rôle d’auxiliaire de vie car sa demande est toujours en cours d’examen.
Les personnes que nous hébergeons sont des personnes « normales ». Elles ont les mêmes espoirs, les mêmes attentes que nous tous ! Elles veulent être autonomes ; certaines ont traversé le monde et elles ont des ressources fortes ; certaines ont vécu des violences durant leur parcours migratoire. Elles peuvent jouer un rôle social majeur dans notre société.
Les Grandes Voisines : espace qui a pour but de devenir un réservoir de vie
Comment imaginez-vous ce dispositif évoluer au sein des Grandes Voisines dans les prochains mois ?
C.: Les Grandes Voisines est pour le moment un centre d’hébergement pour personnes en situation de grande précarité : 450 personnes sont hébergées par le Foyer Notre Dame des Sans-Abris et nous, sur l’ancien site hospitalier appartenant aux Hospices Civils de Lyon. Un espace qui a pour but de devenir un réservoir de vie où des associations et des entreprises vont s’installer et cohabiter avec les résidents. Ce projet vise à développer sur les six prochaines années des activités comme l’hébergement des personnes en grande précarité, des activités liées à l’insertion par l’activité économique et des activités culturelles, sportives, d’éducation populaire répondant aux besoins du territoire. Les transformations seront visibles dans quelques mois quand le projet couché sur le papier prendra forme réellement.
Propos recueillis par Mayore Lila Damji