CHU Mouzaïa : de l’urgence à des projets sociaux innovants
En janvier 2012, dans le cadre du plan grand froid, la ville de Paris confie à l’Armée du Salut un bâtiment situé au 66 rue Mouzaïa, dans le 19e arrondissement. Pensé au début comme un centre d’hébergement d’urgence, il n’a jamais cessé depuis de se réinventer. Aujourd’hui ce lieu est un incubateur de projets sociaux innovants.
Précarité et inventivité
Lorsque l’Armée du Salut prend en charge le site de Mouzaïa, ce dernier est constitué de locaux de bureau. Rien n’est prévu pour accueillir et héberger des personnes. Il faut l’inventivité des uns et des autres pour que ce lieu soit habitable et permette à ses résidents de se sentir en sécurité. Un détail montre le souci de l’Armée du Salut pour l’accueil des personnes en précarité : l’achat, par la directrice de l’époque, de tissus colorés pour confectionner des rideaux. Cet accessoire de décoration humanise ces locaux impersonnels. Il permet, avec beaucoup d’autres aménagements, de rendre habitable ce lieu et ainsi offrir un meilleur confort aux personnes accueillis. C’est une manière de mettre en action, la valeur de l’inconditionnalité que promeut l’Armée du Salut dans son Projet.
Un lieu transformé
Au fil du temps, ce lieu d’accueil s’est transformé. D’une ouverture dans l’urgence pour mettre à l’abri des personnes SDF, il est devenu, en 2013, un Centre d’Hébergement d’Urgence de manière pérenne. Les personnes accueillies dormaient alors dans des chambres de deux. Il était donc important d’entreprendre des travaux d’envergure pour améliorer l’accueil des personnes en situation d’exclusion. Cette humanisation a pris place dans le plan quinquennal pour le logement d’abord et la lutte contre le sans abrisme 2018-2022.
Une heureuse cohabitation
Cette réhabilitation s’inscrit dans une opération plus large portée par la RIVP (Régie immobilière de la Ville de Paris). Elle consiste à transformer d’anciens bureaux en logements dans l’ensemble immobilier du 58-62 et du 64-66 de la rue de Mouzaïa. Ces travaux ont permis à l’établissement de poursuivre son travail malgré un déménagement temporaire dans les locaux du CROUS qui jouxtent l’établissement. Cette cohabitation a permis de mélanger des populations différentes et impulser de nouvelles approches pour répondre à la mission de mise à l’abri et d’accompagnement social de l’établissement.
Un déménagement mené avec prudence
Le déménagement temporaire vers les lieux du CROUSS a été mené avec prudence par les équipes du CHU Mouzaïa. En effet, un déménagement peut, pour la plupart des personnes sans abri accueillis, renvoyer au chaotique de leur situation, à l’incertitude et créer une nouvelle forme d’insécurité. L’équipe est restée particulièrement vigilante afin de mieux aider les personnes à appréhender le futur déménagement. Aujourd’hui, tous les résidents ont conscience de se trouver dans des beaux locaux.
Un lieu plus convivial
Aujourd’hui, tous les résidents bénéficient de chambres individuelles, équipées de sanitaires et de kitchenettes intégrées. Ces nouveaux locaux permettent aussi à nos professionnels de travailler dans de meilleures conditions. Ainsi, l’accueil est plus convivial, moins excentré, et situé à proximité des bureaux des travailleurs sociaux. De même les espaces communs sont plus nombreux.
Mouzaïa : un incubateur de projets sociaux innovants
Depuis 2012, le centre d’hébergement Mouzaïa n’a cessé de se réinventer. A son rôle premier, s’est ajouté celui de porter de nombreux projets d’innovation sociale, en Île-de-France, grâce au dynamisme, à l’inventivité et au professionnalisme des équipes :
- le chantier d’insertion pairs-aidant (Paris 20ème)
- le dispositif alimentaire en circuit-court, le CHU familles (Paris 20ème)
- la halte humanitaire (Paris 1er)
- les petits-déjeuners solidaires dans le centre de Paris
- la soupe de nuit (Paris 18ème)
- le dispositif Passerelle (Montreuil)
- le CADA L’Oasis (Ris-Orangis)
Tous ces projets sont le signe que le secteur social sait faire preuve d’innovation et ainsi répondre de manière précise et renouvelée aux difficultés nouvelles rencontrées par les personnes en situation d’exclusion.