Un Livre blanc pour se remettre à fabriquer de l’espoir et de l’engagement collectifs
Ce 5 décembre, la Cité de Refuge, l’un des établissements parisiens de la Fondation, a accueilli la remise du Livre blanc du travail social aux ministres des solidarités et du travail. Un état des lieux en alerte maximale et des recommandations ambitieuses pour refonder l’action sociale et médico-sociale et ainsi soutenir des millions d’enfants et d’adultes en situation de (grande) vulnérabilité.
Travail social : alerte maximale
Ce n’est pas, loin s’en faut, la première alerte, mais elle est particulièrement forte : « Jamais dans son histoire, le secteur du travail social n’a connu une crise d’attractivité aussi intense », a souligné ce 5 décembre Mathieu Klein, président du Haut conseil du travail social (HCTS), à l’occasion de la remise du Livre Blanc du travail social aux ministres et secrétaires d’Etat réunis à la Cité de Refuge, l’un des établissements parisiens de la Fondation. « Les difficultés de recrutement sont majeures tant pour les employeurs que dans les écoles de formation. Cette tendance est à l’œuvre depuis longtemps mais elle s’est accélérée avec la crise sanitaire. Le travail social est aujourd’hui dans une situation de rupture. » Résultat d’un an de travaux réunissant des personnes concernées et qualifiées extrêmement diverses, ce Livre blanc est rendu public à un moment où « l’inquiétude est majeure, face à cette crise inédite, qui est une crise systémique des politiques de solidarité », comme l’a souligné, lors d’une des deux tables rondes organisées ce 5 décembre, Nathalie Latour, la directrice générale de la Fédération des acteurs de la solidarité (FAS), dont la Fondation est membre. Et la responsabilité collective est grande, puisque de l’avenir du travail social et de ses 1 300 000 professionnel.le.s dépend évidemment celui des millions d’enfants et adultes accompagnés par ces professionnel.le.s – et alors que « le décalage entre les besoins et les moyens n’a cessé de s’accroître au fil des années », comme l’a rappelé Céline Lambert, de l’Association nationale des assistants de service social (ANAS), lors d’une deuxième table ronde.
Refonder le travail social et les politiques de solidarité
Parmi les 14 recommandations formulées par le HCTS dans ce Livre blanc, sont à souligner :
- celles concernant l’urgente nécessité de revalorisation des salaires, de révision des ratios d’accompagnement, de remise à plat des modes de financement des structures sociales et médico-sociales, de pérennisation des financements des actions expérimentales ayant démontré leur pertinence, bref, d’amélioration globale et durable des « conditions matérielles du travail social », ainsi que l’a formulé Nicolas Duvoux, professeur à l’université Paris 8 et président du Conseil national de lutte contre les exclusions (CNLE) ;
- celles portant sur le « cœur de métier », le sens du travail social, celui de « l’épaisseur humaine des liens » comme l’a métaphoriquement exprimé Jean-Luc Gleyze, président du Conseil départemental de la Gironde, participant d’une table ronde ce 5 décembre ; ces recommandations posent comme pierre angulaire des politiques publiques à reconstruire le temps accordé à la relation directe entre accompagnant et accompagné ;
- celles visant l’enrichissement des formations et de la recherche en travail social (recherches actions collaboratives, pair aidance, etc.), car, comme a insisté Nicolas Duvoux, « le travail réel est bien plus large que le travail prescrit » ; un ensemble de recommandations et de perspectives destinées à redonner goût et engagement pour les métiers du social aux jeunes en formation initiale ou aux professionnels en cours de réorientation dans leur parcours, et à rendre « visibles, fiers, responsables, ces professionnels du lien », comme l’a dit Mathieu Klein en conclusion de son intervention.
Aucune nouvelle orientation ni ambition générales n’ont été exprimées ce 5 décembre par les ministres et secrétaires d’Etat présents, qui ont toutefois rappelé les travaux en cours (par exemple autour de la « simplification de l’accès aux droits par le numérique »). L’enjeu global posé par ce Livre blanc reste donc à saisir : « Nous avons besoin de mesures qui s’inscrivent dans la durée, qui fassent le choix d’investir dans l’humain. »