À Lille, aux Moulins de l'espoir, un accueil inconditionnel
À un quart d'heure à pied du cœur de ville de Lille, dans le quartier des Moulins, est installé l'établissement de l'Armée du Salut : les Moulins de l'espoir. Cette grande bâtisse en brique, typique du Nord, est un lieu d'accueil inconditionnel pour des personnes en fragilité sociale. L'équipe de professionnels accompagne les résidents dans toutes les dynamiques de leur quotidien, dans un souci constant qu'ils puissent développer leur autonomie. Cet accueil inconditionnel est une réalité qui se rencontre aussitôt la porte de l'établissement franchie.
L'accueil inconditionnel dans la diversité des personnes accueillies
L'accueil inconditionnel est une valeur phare de l'Armée du Salut, qui se déploie de manière plurielle. Ainsi, aux Moulins de l'Espoir, tous les salariés sont mobilisés pour que cette valeur soit bel et bien incarnée. Chacun, dans la manière d'entrer en contact avec les résidents, a cette attention prioritaire. C'est avec ce respect mutuel que les uns et les autres entrent en interaction. Les équipes de travailleurs sociaux tâchent de bien comprendre la nature des demandes des résidents. Ce travail est nécessaire pour bien les orienter. Cela demande du temps, mais c'est la condition pour qu'un travail en profondeur puisse se faire avec les personnes. Ainsi, les résidents ne sont pas tutoyés ni appelés par leur prénom. C’est toujours un « monsieur », « madame », suivi de leur patronyme, gage du respect et de la dignité manifestés par les équipes.
La rue abîme le corps, les Moulins de l'espoir en prennent soin
Un long temps à la rue entraîne des conséquences importantes sur la santé physique et mentale des personnes concernées. Cette évidence est malheureusement la réalité des personnes à la rue. Après un séjour à l'hôpital, elles nécessitent des soins, du repos, une vigilance médicale et infirmière. Il en est de même pour la question des addictions. Aussi, des Lits Halte Soins Santé (LHSS) ont été créés au sein des Moulins de l'Espoir pour accueillir et soigner ces personnes.
Prendre soin du corps, c'est aussi manifester un accueil inconditionnel
Un médecin et des infirmiers tiennent des permanences au sein des Moulins de l'espoir. Les résidents du LHSS peuvent venir consulter, faire le point sur leurs pathologies, leurs addictions, demander un renouvellement de traitement, de dispositif médical… Ces professionnels de santé exercent bien sûr leur métier, mais nouent aussi une relation de confiance avec le patient. Dans ses non-dits ou bien encore dans la manifestation de telle ou telle demande, le médecin ou l'infirmier peut évaluer sa situation, même si ce n'est pas toujours facile lorsqu'il y a la barrière de la langue ou une réticence. Pour autant, avec de la patience et de la sollicitude, un lien de confiance se crée et permet une meilleure prise en charge de ces pathologies et autres situations sanitaires.
Le sport : vecteur inconditionnel de réinsertion
Au sous-sol des Moulins de l'espoir sont installées une salle de sport bien équipée et une salle pour jouer au ping-pong. Ces activités destinées aux résidents leur sont particulièrement utiles dans leur parcours de réinsertion sociale. Grâce à Pétra, coach sportive, et à Mahfoudh Boughedada, bénévole résident au parcours sportif emblématique, des volontaires entretiennent leur corps et reprennent ainsi confiance en eux. C'est aussi l'occasion de travailler les questions d'hygiène, de respect de soi, du matériel et d'un collectif.
Un chez-soi d'abord
Avoir un toit est un droit et c'est aussi la porte ouverte pour un travail, l'ouverture de droits… se reconstruire socialement et humainement. L'établissement les « Moulins de l'espoir » accueille dans ses locaux des personnes en fragilité sociale. Des appartements dans la ville de Lille sont proposés à des personnes avec une autonomie plus grande. Ces appartements peuvent se trouver dans des immeubles de « droit commun » ou bien dans le bâtiment qui appartient à l'Armée du Salut, au 10 rue Ovigneur.
L'exemple de Kéthévan Valishvil et Vepka Aptsiauri
Dans leur appartement proche des Moulins de l'Espoir, Kéthévan Valishvil et Vepka Aptsiauri, de nationalité géorgienne, accueillent Justine Wellaert, éducatrice spécialisée. Elle les accompagne dans leurs démarches administratives, tel le renouvellement de leur titre de séjour ou bien de leur carte de transport. Ce couple de Géorgiens a fui pour la France. De graves problèmes de santé empêchent Ketevan de travailler. Vepkhia fait quelques petits travaux ici et là pour gagner de l'argent. Couturière talentueuse, elle vient proposer ses talents, bénévolement, aux Moulins de l'Espoir.
Les Canonniers
Un immeuble, la résidence des « Canonniers », dans le centre-ville de Lille, regroupe 25 studios en totale autonomie. Toutefois, une équipe éducative est présente du lundi au vendredi pour accompagner les résidents dans leur parcours de réinsertion socioprofessionnelle et faire le point sur ses démarches administratives. Ce lieu dispose d'espaces collectifs et d'une cour avec jardin où les habitants de cette résidence peuvent se retrouver.
L'inconditionnalité et la différence
Pour Salah Bousnane, directeur des Moulins de l'Espoir, l'inconditionnalité consiste à ne pas faire de différence entre les personnes. Pour lui, « pointer la différence, ce n'est plus être dans le respect de la différence ». Ainsi, il est important pour lui et ses équipes d'accueillir la personne telle qu'elle est. Travailler dans ce sens, c’est respecter l’itinéraire et l’origine des personnes et leur donner l’occasion de faire un pas de plus dans leur vie.
La chance de la différence
Les résidents viennent de pays différents, ils parlent différentes langues. C'est un atout pour l'établissement, car cela marque pour eux une origine, un point de repère dans leur parcours. Souvent, à table, certains résidents rajoutent des épices de leur pays. C'est important de se rattacher à des traditions culinaires. Aussi, fréquemment, des ateliers cuisine sont organisés. Chacun peut préparer un plat et en faire profiter les autres. C'est aussi un moyen d'accompagner les personnes autrement que dans un bureau. Il se dit des choses autour de ces ateliers, comme au détour d'un café. Ces lieux « tiers » ne sont pas à négliger. D'ailleurs, il n'est pas rare que tel ou tel travailleur social prenne le temps d'un café avec les résidents. Le dialogue se crée et la confiance se noue petit à petit.
Participation et construction
Être accueilli de manière inconditionnelle dans un établissement de la Fondation de l'Armée du Salut, c'est aussi être partie prenante de la vie collective. Aussi, aux « Moulins de l'espoir », un groupe d'expression est proposé aux résidents. C'est l'occasion de faire part de propositions. C'est ainsi que l'idée d'un « parrainage » entre nouvel arrivé et résident plus ancien a vu le jour.