Faire société avec « C’est pas du luxe ! »

Publié le :
Texte présentation

Fin septembre, les pensions de famille de la Fondation de l’Armée du Salut de Rouen ont participé au festival « C’est pas du luxe ! », qui a rassemblé durant trois jours, à Avignon, plusieurs centaines de festivaliers à la rencontre du grand public. Un beau moment de mixité sociale, de créativité et d’enthousiasme collectifs.

Image à la une
La déambulation du collectif "Pose ta pierre !" durant le festival "C'est pas du luxe" à Avignon.
Blocks
Redacteur
Texte

« C’est pas du luxe ! » est un événement biennal à l’échelle nationale, rassemblant des personnes en situation de précarité, des artistes professionnels et le grand public pour trois jours de création artistique. Pour cette édition 2024, la troupe de la « compagnie du bout du pont », composée de huit résidents et trois accompagnateurs des deux pensions de famille de la Fondation à Rouen, l’Océanite et les Bords de Seine, a participé à deux déambulations dans les rues d’Avignon.

Image
Texte

Un tel évènement, ça se prépare ! 

En 2022 les résidents avaient déjà pris part à des ateliers théâtraux hebdomadaires animées par Adeline Maisonneuve, metteuse en scène professionnelle. « Ces ateliers, ouverts à tous les résidents, ont permis à chacun de se familiariser avec l’expression théâtrale et la création artistique », explique Samuel Ghilain, travailleur social à la pension de famille, et l’un des accompagnateurs de la troupe. Pour coller au thème 2024 autour des marionnettes, un nouveau projet a été mis en place au début de l’année par les participants rouennais pour créer une marionnette géante représentant Saint Bénézet, figure légendaire à l’origine de la construction du pont d'Avignon. « Nous avions déjà construit un char avec les résidents pour notre première participation en 2022. Alors nous avons décidé de le réutiliser et d’installer la marionnette dessus » poursuit Samuel. Cette année, c’est Philippe Morence, artiste créateur, qui a animé des ateliers pour créer la marionnette (ateliers qui ont pu se tenir grâce à un financement FILE de la Fédération des acteurs de la solidarité, FAS, dont la Fondation est membre fondateur). Les résidents ont également écrit des textes revisitant la légende de Saint Bénezet et enregistré leurs voix pour réaliser une bande son. 

Le déroulé du festival 

Fin septembre, « ces deux créations ont été transportées à Avignon grâce au soutien logistique de la Fondation Abbé Pierre, qui organise le festival », rappelle Anne Soudey, cheffe de service des pensions de famille. Les participants sont tous arrivés le jeudi soir après un long voyage, en partie financé par les chèques ANCV offerts par la FAS. Le programme de la troupe comprenait deux déambulations dans les rues d’Avignon : une le samedi matin, et l’autre le dimanche après-midi. « La bande son réalisée par les résidents accompagnait ces déambulations, qui se sont terminées sur la célèbre Place des Papes, où nous avons invité le public à participer à une reconstitution symbolique du pont d'Avignon à l’aide de pierres en polystyrène », raconte Anne, « le tout accompagné d’une scénographie musicale et de plusieurs chorégraphies ».

Block: Texte + Image
Image
Texte

Un impact positif sur les participants… 

La participation à « C’est pas du luxe ! » a eu des retombées très positives pour les résidents rouennais. « Certains, habituellement très casaniers et peu enclins à marcher, ont parcouru jusqu'à cinq kilomètres par jour pendant le festival, en poussant le char et en prenant part aux déambulations », souligne Anne. « Ce genre de projet est un levier pour favoriser la participation à d’autres activités. Les travailleurs sociaux pourront dire aux résidents : ‘Rappelle-toi, à Avignon, tu as marché, dansé, poussé un char’. » « Certains, initialement réticents à l'idée de participer lors de l’édition de 2022, ont surmonté leurs peurs et sont revenus avec enthousiasme en 2024 », renchérit Samuel. « Quand on est ensemble, on n’est plus une structure du social, on est une troupe. On est tous habillé pareil, il n’y a plus de différence entre résident et travailleur social. On est tous sur un pied d’égalité ». … et plus encore Mais, l'impact du festival ne se limite pas aux participants directs. D’autres résidents ont également pris part aux ateliers de construction de la marionnette. Et les travailleurs sociaux ont veillé, tout au long des mois de préparation, à ce que la motivation collective ne faiblisse pas. La participation à l’édition 2024 de « C’est pas du luxe ! » a donc rempli ses objectifs : au-delà de la performance artistique, cette aventure humaine de plusieurs mois a permis aux résidents de retrouver confiance en eux, de se sentir valorisés et de créer de nouveaux liens. 

Un impact à approfondir 

Si, à la suite de leur participation en 2022, les résidents avaient réalisé un carnet de bord retraçant leur parcours et leurs ressentis, « cette année, ce travail d’analyse va plus loin », poursuit Samuel. « Depuis le printemps dernier, trois résidents co-chercheurs et un travailleur social des pensions de famille collaborent avec l’Université Lyon 2, en l’occurrence trois sociologues, une anthropologue et une chercheuse en communication, dans le cadre d’un projet de recherche. Rassemblant des structures de la Fondation et de quatre autres acteurs de l’action sociale, cette recherche porte sur l’analyse des interactions sociales entre les différentes populations participant au festival (public, riverains, festivaliers, bénévoles, artistes…). » A suivre ! 

En savoir plus sur le festival 

Initié par la Fondation Abbé Pierre, cet évènement a pour objectif de changer le regard sur la précarité en valorisant les talents de personnes souvent exclues des circuits culturels classiques. Avec plus de 70 propositions artistiques (doute sur le chiffre)— expositions, spectacles, performances — ce festival inter-associatif prône le partage, la rencontre et l'expression de chacun, indépendamment de son parcours de vie.

Type de la publication
Actualité