Les solutions de l'Armée du Salut face à la précarité menstruelle
En France, 4 millions de femmes sont confrontées à la précarité menstruelle. C'est-à-dire qu'elles n’ont pas accès à des protections périodiques. Cette situation est particulièrement problématique pour les femmes sans domicile. C’est pour leur venir en aide que l’Armée du Salut a lancé en 2020 une expérimentation avec l’État, afin de tester le don de protections à des femmes en grande précarité. Cette expérimentation comporte également un travail de pédagogie avec l’organisation d’ateliers de sensibilisation.

Agir pour la santé des femmes
Selon une enquête Opinion Way de mars 2023, ce sont en moyenne 2 000 euros qu'une femme doit débourser dans sa vie pour acheter des protections périodiques. De telles dépenses ne sont naturellement pas possibles pour les femmes en précarité. Faute de moyens financiers, elles utilisent des protections de fortune, avec un risque élevé de choc toxique qui peut aller jusqu’à la défaillance d’organes comme le cœur ou les reins. Jennifer, accueillie dans un établissement de l’Armée du Salut, raconte avoir ainsi avoir dû confectionner des protections hygiéniques avec du papier toilette. S'ajoute à cette difficulté la nécessité de trouver des lieux suffisamment propres pour pouvoir se changer. « Pas facile lorsque l'on est à la rue alors que les toilettes publiques sont majoritairement payantes », poursuit Jennifer.
Distribution de protections hygiéniques
Aujourd’hui, l’Armée du Salut offre donc de telles protections aux résidentes de ses centres d’hébergement d’urgence et lors de ses maraudes. Par exemple, au Centre d’Hébergement d’Urgence Mouzaïa, dans le XIXe arrondissement de Paris, ce sont des distributeurs qui ont été installés dans les toilettes. Une attention est portée à offrir un éventail de solutions différentes, qu’il s’agisse de serviettes hygiéniques, de tampons, de cups ou de culottes menstruelles.

Des ateliers pour parler des règles sans tabous
Des campagnes de sensibilisation et des ateliers sur les règles et les moyens pratiques de protections existants sont également organisés. Cela vise à libérer la parole des femmes. Élisabeth, 33 ans, Angolaise, témoigne : « Vous savez, depuis mon arrivée en France, je n'ai plus mes règles. » L'atelier est aussi un moment de découverte pour certaines femmes des différentes protections périodiques, comme les culottes menstruelles réutilisables. Parler des règles, ce n'est pas un sujet de honte. C'est une question de santé publique, de solidarité et de justice sociale.
Former les professionnels
Et parce qu’aborder la question des règles et de la précarité menstruelle ne va pas de soi, les équipes sociales sont également formées à ces questions. Ces formations abordent aussi bien la question des maladies et de leur dépistage, du cycle féminin et les lieux où trouver des protections lorsque les règles surviennent. Océane, travailleuse sociale pour la Fondation souligne la nécessité de ces formations : « Il est très important d'être bien informé sur ces questions, si l'on veut bien orienter les femmes. » Les formations reçues notamment via l’association Règles Élémentaires, leur permettent de gagner en légitimité pour monter des projets de lutte contre la précarité menstruelle. Ainsi, il est possible de mieux écouter, orienter les publics accompagnés et relayer de l'information de manière fiable afin de mettre fin aux tabous menstruels.