Salarié en insertion pendant le covid, Antoine voit le bout du tunnel

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En pleine crise sanitaire, quand plusieurs millions de salarié-e-s se confinaient, Antoine (1) a fait partie de ces personnes restées sur le pont pour travailler malgré la pandémie. Agent d’accueil dans des centres sociaux de l’Armée du Salut, il traversait tous les jours Paris en transport en commun. Salarié en insertion, il s’est formé grâce à l’Armée du Salut et s’apprête à retrouver son autonomie après de longs mois de chômage et de précarité. Découvrez son histoire.

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Nom, prénom témoignage
Antoine
Détail sur la personne
Salarié à Travail et Partage
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Métro, boulot, dodo, même pendant le confinement

« Généralement, je mets entre 45 minutes et une heure pour me rendre sur mon lieu de travail. Pendant le confinement, c’était plus long car il était très difficile d’avoir le métro ou le tram. Tous les jours, je traversais Paris en transports en commun, pour remplacer des salariés confinés. Métro, boulot, dodo, même pendant le confinement. De 14 heures à 21 heures, j’ai assuré les missions d’agent d’accueil dans plusieurs centres d’hébergement et de réinsertion sociale de la Fondation de l’Armée du Salut dans Paris. J’ai été rémunéré au Smic horaire. Le poste d’agent d’accueil est important dans un centre qui accueille des personnes en difficulté sociale et parfois psychologique, surtout pendant une crise sanitaire de cette ampleur. L’agent d’accueil est pour certains résidents le principal contact humain de la journée. 

Même confinés, les salariés de Travail & Partage (une association dépendant de la Fondation de l’Armée du Salut et qui accompagne le retour à l’emploi) nous ont suivi. Je recevais régulièrement des appels de ma référente pour s’assurer que j’étais en bonne santé, que je respectais bien les mesures de distanciations sociales et que j’avais bien le matériel de protection sur moi. 

Avant d’arriver en France, j’ai vécu en Côte d’Ivoire. J’ai travaillé plusieurs années sur le chantier de réhabilitation et de rénovation du Palais de la Culture à Abidjan. Je faisais de la peinture, je montais les échafaudages et je m’occupais de la plomberie aussi. Mais la vie en Côte d’Ivoire était difficile, j’ai donc décidé de quitter le pays pour venir en France. A la recherche d’une vie meilleure. 

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Une nuit à la rue suffit pour comprendre la violence de la vie d’un SDF

J’ai atterri à Paris en 2011, j’avais 34 ans. Des amis m’ont hébergé et j’ai eu la chance de trouver rapidement des petits boulots. Chauffeur-livreur dans une entreprise de logistique. Ensuite, livreur pour la plus grande entreprise de commerce en ligne pendant plusieurs mois. Et distributeur de prospectus dans les rues de Paris. 

Après une période de plein emploi de plusieurs années, je me suis retrouvé au chômage, en 2017. Sans revenu, je n’ai pas pu payer les factures, les loyers et même me nourrir. J’ai été mis à la porte de mon appartement et je me suis retrouvé à la rue. Une nuit à la rue suffit pour comprendre la violence de la vie d’un SDF. Alertés de ma situation, quelques amis m’ont tendu la main et m’ont hébergé. 2017 a été une année très difficile mais en septembre de la même année, Pôle Emploi m’a orienté vers Travail & Partage de l’Armée du Salut. 

Le personnel de Travail et Partage m’a proposé des missions rémunérées. Médiation, entretien, restauration, j’ai accepté toutes les offres. 18 mois comme agent de restauration à la Résidence Catherine Booth (Paris), 9 mois aux Soupes de nuit de l’Armée du Salut à Paris, quelques jours à la Halte humanitaire de la Fondation de l’Armée du Salut (Porte de la Chapelle, Paris), à la Cité des Dames (Paris) ou au Palais de la Femme (Paris), depuis 2017, j’ai rempli plusieurs missions au sein de l’Armée du Salut. 

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Aujourd’hui, je suis fier de gagner un salaire et de payer un loyer 

Sans l’Armée du Salut et Travail & Partage, je n’aurais pas trouvé un emploi stable ni un logement. Les travailleurs sociaux m’ont en effet accompagné dans ma recherche de logement, en 2018. Aujourd’hui, je suis fier de gagner un salaire et de payer le loyer de mon propre appartement. 

Je peux ainsi poursuivre ma formation : après avoir obtenu mon certificat de qualification professionnelle comme agent de sécurité, je commence une formation de service de sécurité incendie et d'assistance à personnes (SSIAP) pendant 10 jours. Dans quelques jours, des entreprises pourront m’embaucher comme agent de sécurité. Un agent diplômé et professionnel.»

(1) Le prénom a été modifié.
 

Propos recueillis par Mayore LILA DAMJI