En hôtel ou en accueil citoyen, comment l’Armée du Salut héberge les réfugiés ukrainiens
C’est au Havre que l’Armée du Salut accueille, héberge et accompagne le plus grand nombre de réfugiés ukrainiens. Un projet monté dans un temps record pour offrir aux nouveaux venus un accueil digne et toutes les chances d’une intégration réussie en France. Envie d’en savoir plus ?
Elles comptent le nombre de jours passés sur la route. Les heures de fuite. Les minutes d’inquiétude. Les longues secondes vécues terrées dans le sous-sol d’un immeuble, sans rien manger au rythme incessant des bombes et des tirs. Marioupol, Kharkiv, Kiev. Plus de 210 personnes, essentiellement des femmes avec enfants, des personnes âgées, mais aussi des ingénieurs, des médecins, qui ont laissé derrière elles une famille, un métier, une vie et qui se retrouvent aujourd’hui devant les bénévoles et travailleurs sociaux de l’Armée du Salut au Havre.
« Elles sont arrivées directement au Havre ou sont passées par Paris », note Pascale Cherif, cheffe de service en charge du logement et l’hébergement à l’Armée du Salut au Havre. Sur les 210 personnes, certaines sont hébergées dans des hôtels du centre-ville ou de communes voisines, mis à disposition pour l’occasion. Les autres sont logés dans une résidence pour personnes âgées et au Centre régional jeunesse et sport (CRJS) du Havre.
Un lieu d’hébergement, une couverture sociale et médicale, des soins
Dans ce dernier, 40 personnes venues d’Ukraine ont pris place. « Le Centre régional jeunesse et sport est un centre d’hébergement mais également notre centre d’enregistrement des arrivées. Au Havre, tous les réfugiés ukrainiens qui sont confiés à l’Armée du Salut par les services de l’Etat viennent s’enregistrer sur ce site de 2 500 m². Nous expliquons petit à petit tout ce à quoi les familles ont droit : un lieu d’hébergement, une couverture sociale et médicale, des soins », souligne Florence Bugeia, cheffe de service en charge des actions d’aide d’urgence. Des psychologues veillent sur les nouveaux arrivants et sont à leur écoute.
« La région Normandie a accueilli 8 000 réfugiés ukrainiens dont 3 100 dans le département de la Seine-Maritime », précise Pierre André-Durand, Préfet de la région Normandie et préfet de la Seine-Maritime.
Des professeurs de russe mobilisés pour enseigner le français
Direction des migrations et de l’intégration, Office français de l’immigration et de l’intégration, Assurance maladie, CAF : c’est dans ce centre que sont préparés tous ces rendez-vous, avec l’aide de 10 salariés de l’Armée du Salut et 5 bénévoles interprètes. « Des professeurs de russe se sont également mobilisés et ont proposé leur service pour animer des cours de de français, pour apprendre la base du français aux enfants et aux adolescents », fait remarquer Deogratias, un autre chef de service.
La préfecture souhaite accompagner les réfugiés ukrainiens dans la recherche d’un travail puis d’un hébergement citoyen, en attendant que la situation revienne à la normale en Ukraine. De nombreux Français ont décidé d’ouvrir leurs portes aux déplacés et proposer un hébergement citoyen.
Hébergement citoyen : une cohabitation solidaire avec les familles de réfugiés
« 50 personnes du Havre pourront bénéficier de l’hébergement citoyen que nous sommes en train de mettre en place. Des particuliers ont proposé une cohabitation solidaire aux familles de réfugiés arrivant en France ou parfois de mettre à leur disposition des maisons entières », détaille Pascale. Avant l’installation des familles dans les hébergements citoyens, des visites sont organisées pour « identifier si le logement correspond aux besoins des familles ukrainiennes ». « Nous orientons les familles en fonction de leur composition : si une famille a des enfants en âge d’être scolarisés, elle se verra proposer un logement en ville à proximité des écoles », fait remarquer Pascale.
Chaque hébergeant doit suivre la procédure officielle mise en place par le gouvernement et coordonnée en région par les préfectures. C'est dans ce cadre que sont accueillis la grande majorité des Ukrainiens fuyant la guerre. Ils passent d'abord quelques jours en hébergement d'urgence. Des logements individuels leur seront ensuite proposés.
Mayore Lila Damji
