Former des chômeurs de longue durée aux métiers manquant de main d’œuvre
Pour les personnes au chômage depuis plusieurs années, l’Armée du Salut propose des contrats de travail et d’insertion. Ainsi, la Cité de Refuge a noué un partenariat avec une entreprise de restauration qui forme et encadre ces salarié-e-s en insertion. Une solution qui a fait ses preuves et qu’expérimente aujourd’hui Vick, après 4 ans de chômage.
Chômeurs de longue durée, à la santé parfois fragile, vivant dans des logements précaires, personnes non diplômées… Les parcours des personnes accompagnées dans leur insertion professionnelle par la Cité de Refuge -un centre d’hébergement parisien de l’Armée du Salut- est souvent chaotique. « La solution choisie est de les employer grâce à des contrats d’insertion durant lesquels elles apprendront un métier et retrouveront une posture professionnelle », souligne Cédric Hervé, le responsable de ces programmes d’insertion professionnelle. « Pour faciliter l’insertion professionnelle, nous veillons à former des salariés pour des métiers qui manquent de main d’œuvre » explique-t-il.
Après un an d’existence et d’expérimentation, ce dispositif a fait ses preuves. Cette année, il a adopté un nouveau nom, Capa’Cité, et va se développer dans d’autres villes de France, afin de continuer à lutter contre le chômage de longue durée. « Nous avons notamment un atelier d’insertion dans le domaine de la restauration, et notre force, est que les salariés sont formés et encadrés par une vraie entreprise de restauration, la société Geres », rappelle Cédric.
Vick a aussi obtenu un logement
Vick, au chômage pendant 4 ans, travaille aujourd’hui dans l’Atelier Chantier d’Insertion (ACI) restauration au sein de la cuisine centrale de la Cité de Refuge, où sont accueillies plus de 200 personnes en difficulté. L’emploi que Vick occupe est doublé d’une formation qualifiante : après 12 mois de pratique il aura un certificat d’agent de restauration. « Quand nous n’avons pas de diplôme il est très difficile de trouver un emploi », reconnait-il. Le certificat qu’il obtiendra lui permettra ensuite de faire valoir à la fois une formation théorique et une expérience professionnelle dans une entreprise reconnue du secteur. Après sa journée de travail, Vick rencontre également une travailleuse sociale au sein de la Cité de Refuge, qui l’aide dans ses démarches administratives. Grâce à son nouvel emploi, Vick a d’ailleurs obtenu un logement.
Ils sont 12 comme Vick. 12 salariés qui travaillent entre la cuisine et le restaurant de la Cité de Refuge. Encadrés par un formateur, « ils sont sensibilisés aux conditions de travail dans les restaurants », explique le formateur de la société Geres, qui gère le restaurant du centre, en même temps qu’elle forme les salariés en insertion. Tous ont signé un contrat de 12 mois, 26 heures par semaine pour un salaire horaire égal au Smic, payé par l’Etat.
« Nous sommes à plus de 80% de réussite »
« Ces personnes pendant douze mois ont montré à l’entreprise qui les payait ce dont elles étaient capables et cela leur a permis de reprendre confiance en elles », constate Cédric Hervé. Sur les douze salarié-e-s, neuf ont trouvé un emploi : « nous sommes à plus de 80% de réussite, ce qui est largement au-dessus des autres solutions d’insertion professionnelle », explique Cédric Hervé.
Au cours de l’année 2018, la Cité de Refuge a lancé le un nouveau chantier d’insertion : l’événementiel. Les personnes embauchées apprennent à exercer le métier d’agent d’accueil, d’agent de manutention, de serveur. « Le chantier évènementiel permettra d’ouvrir les portes de la Cité de Refuge, à travers la location de salle et l’organisation d’événement, à un ensemble des entreprises partenaires ou des associations », précise Christophe Piedra, directeur de la Cité de Refuge.
En janvier, la Cour des comptes dans un rapport sur l’insertion par l’activité économique a salué le dispositif « qui apporte des réponses aux difficultés d’insertion des publics concernés ».
En France, selon le Ministère du Travail 3 881 structures proposent des ateliers et chantiers d'insertion (ACI). Fin 2016, le secteur de l’insertion par l’activité économique (IAE) comptait un peu plus de 132 000 salariés, dont plus de 48 000 dans les ateliers et chantiers d’insertion.