La Cité de Refuge : aux côtés des plus modestes de 1933 à 2016
L’inauguration de la réhabilitation de la Cité de Refuge par François Hollande, le 23 juin 2016, est l’occasion de retracer l’histoire unique de cet établissement construit au début des années 30 pour accueillir celles et ceux, adultes comme enfants, qui « plus encore que de pain ou de logis, ont besoin de conseils, de directions et d’amour ».
Les œuvres charitables ne manquaient pas à Paris en 1930, on en comptait 12 000. Mais des mères avec leur enfant erraient tout de même dans les rues de la capitale. La Grande Dépression des années 1930 avait touché une partie importante de la population française. Les grandes vagues de chômage avaient fait échouer plusieurs centaines, voire milliers de personnes devant les portes des foyers d’accueil ou sur les trottoirs.
Une collecte d'envergure nationale
Face à cette crise sociale qui frappe la France et d’autres pays du monde, Albin et Blanche Peyron, alors à la tête de l’Armée du Salut en France, prennent la décision de lancer la construction d’un nouveau un lieu d’accueil : La Cité de Refuge. Un lieu destiné à « secourir, accompagner, reconstruire » la vie des plus démunis, hommes, femmes et enfants. Pour financer la construction de la Cité, une collecte d’envergure nationale est lancée en France par Albin Peyron appelée la « Journée nationale du Bouton d’or ». Elle permet de récolter les 8 millions de francs nécessaires à la construction du bâtiment.
Le grand public est sollicité par voie de presse et quelques grands donateurs apportent un soutien financier extrêmement conséquent. La collecte de fonds à grand échelle voit le jour. A l’époque, la Ville de Paris cède pour le projet des terrains dans le XIIIe arrondissement et ce, à un coût symbolique. En versant la somme de trois millions de francs, la princesse de Polignac devient marraine et principale mécène du projet.
4 ans. C’est le temps que mit la Cité de Refuge pour sortir de terre. Le Corbusier et son cousin Pierre Jeanneret façonnent le futur bâtiment qui accueillera à terme cinq à six cent personnes. Commencés en 1929, les travaux du « Palais des pauvres » s’achèvent en 1933. Et en décembre de la même année, la Cité est inaugurée et peut accueillir les personnes en détresse. La crise économique des années 1930 débouche sur un conflit international : la Seconde Guerre mondiale. Et en 1944, lors du bombardement de Paris, le mur de verre de la façade de la Cité de Refuge éclate.
L'après-guerre
Après le conflit, l’établissement continue à accueillir les personnes en difficulté et leur propose un accompagnement social et une possibilité de se réinsérer dans la société en travaillant dans les ateliers de la Cité. En 1978, un nouveau projet social est lancé à travers le Centre Espoir. Un centre d’hébergement et de réinsertion sociale avec 75 chambres individuelles qui accueille des jeunes marginalisés. Des jeunes confrontés à l’instabilité de l’emploi, aux problèmes de santé, ou des difficultés d’accès au logement. Témoin unique de l’histoire de l’action sociale en France, la Cité de Refuge – Centre Espoir devait être réaménagée pour continuer à accueillir dignement les personnes en détresse. Des travaux sur les deux structures ont commencé en 2011 sous la maîtrise d’ouvrage de Résidences sociales de France (RSF). A l’issue des travaux, la Cite de Refuge – Centre Espoir peut désormais accueillir 292 personnes.
Une seconde vie pour la Cité de Refuge
Après d’importants travaux de réhabilitation et de rénovation, la nouvelle Cité de Refuge, accueillant jusqu’à peu des hommes seuls, a ouvert ses portes en novembre, pour héberger également des familles et des femmes avec enfants. Un événement qui méritait bien une inauguration en grande pompe par le Président François Hollande.