Précarité alimentaire : Une mère isolée raconte son quotidien

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Le nombre de bénéficiaires de l’aide alimentaire a triplé en dix ans. L'Armée du Salut aide ces personnes durement touchées par l’inflation. Une mère isolée raconte son quotidien plongé dans la précarité. 

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Précarité alimentaire : Une mère isolée raconte son quotidien
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« J’ai 35 ans et je suis mère seule. J’ai deux enfants :  une fille et un garçon. Je n’ai pas de travail en ce moment. Dans une autre vie, j’ai travaillé dans la restauration. J’ai été serveuse et responsable de restaurant. Je gagnais 2 500 euros net par mois.

Il y a huit ans, j’ai souhaité me former à un nouveau métier : coach sportive. Mais très vite je me suis gravement blessé. Et les problèmes de santé ont perturbé mon quotidien. J’ai fait une dépression un an avant le Covid. Puis pendant le Covid j’ai arrêté de travailler car les restaurants étaient tous fermés. Mes revenus ont fortement baissé mais les factures n’ont pas arrêté d’augmenter : le loyer, l’électricité, le gaz, le chauffage, tout, tout a augmenté.

En hiver, je ne me chauffe plus.
Mes enfants et moi nous mettons plusieurs couches de vêtements pour ne pas avoir froid

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Aujourd’hui, je perçois 740 € de RSA (Revenu de solidarité active), 440 € d’allocation pour le logement. Mon loyer mensuel est de 350 €, pour l’électricité et le gaz, je dois payer 100 € par mois, 9,90 € pour le forfait de téléphone et ajouté à ces frais les dépenses liées aux vêtements. Si je fais le total : il me reste environ 720 € par mois pour mes enfants et moi. J’habite dans un appartement privé. J’ai fait une demande de logement social qui n’a jamais abouti.

En hiver, je ne me chauffe plus. Le chauffage dysfonctionne et quand je l’allume, je me retrouve, à la fin du mois, avec une facture très importante. Mon propriétaire refuse de le faire réparer, mes enfants et moi nous mettons plusieurs couches de vêtements pour ne pas avoir froid. 

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Et les difficultés n’ont pas arrêté de s’accumuler : aujourd’hui, l’assistant social de la Caisse d’allocations familiales qui suit mon dossier refuse de répondre à mes demandes d’aides. Je ne sais plus quoi faire. Et mon propriétaire menace de nous mettre à la rue en juin si je n’arrive pas à régler les impayés de loyer. 

Ma grande fille a connu un échec scolaire. Elle a été victime de harcèlement. Elle a sombré dans la drogue. Elle a fait des fugues. Mon fils est scolarisé, mais si je me retrouve à la rue avec lui, son avenir sera ruiné !

Depuis août 2022, je viens à l’épicerie sociale de l’Armée du Salut à Paris. Ce lieu m’a été indiqué par l’ancienne assistante sociale de la CAF. Ici, pour 7 euros par semaine, j’arrive à remplir le frigo pour 10 jours. 

Quand je suis en dépression, je suis seule face à mes difficultés

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Quand on tombe dans la précarité, on ne perd pas seulement le pouvoir d’achat mais aussi toutes nos relations sociales. Sans le soutien de la famille ni de mes amis, je suis livrée à moi-même. Quand je suis en dépression, je suis seule face à mes difficultés. Quand je viens à l’épicerie sociale, la responsable et les bénévoles de l’Armée du Salut font toujours preuve d’une grande attention et bienveillance. 

Même si je sais que mes difficultés financières ne disparaîtront pas demain, j’envisage de faire une formation pour devenir paysagiste et quitter la région Ile-de-France et tenter ma chance en Charentes. Peut-être que là-bas, mon fils et moi nous aurons une vie plus apaisée.»

Propos recueillis par Mayore Lila Damji

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