Quand des jeunes filles en rupture créent un magasin de seconde main

Elles ont entre 13 et 20 ans et sont parfois en décrochage scolaire ou en rupture. Accueillies dans un foyer pour jeunes de la Fondation de l’Armée du Salut, à Mulhouse, elles viennent de créer leur propre magasin de seconde main. Découvrez comment, avec le coup de pouce des équipes et de quelques bénévoles, elles ont pu mener à bien ce projet qui les motivait et créer un lieu aussi beau que porteur de sens.

A Mulhouse, le Foyer Marie-Pascale Péan est un foyer d’action éducative où la Fondation de l’Armée du Salut accueille et accompagne une trentaine de jeunes filles de 13 à 20 ans. Les raisons de leur placement par l’Aide Sociale à l’Enfance sont multiples : un cadre familial qui ne leur permet pas de se construire en toute sécurité, des relations conflictuelles avec leurs proches ou avec les autres, des apprentissages qui ne se font plus … autant de raisons qui conduisent à faire appel aux éducateurs de l’Armée du Salut pour que ces jeunes filles puissent (re)construire un projet de vie et devenir des adultes autonomes et épanouis. Preuve de leur potentiel et du chemin déjà parcouru : une boutique de seconde main et friperie solidaire qu’elles ont créée de toute pièce en quelques mois et qui vient d’ouvrir ses portes en novembre 2020.

Une boutique écologique, solidaire et participative

« Ce projet est né de notre travail avec les jeunes accompagnées au Foyer, depuis juillet dernier », expliquent Edwige Strauss et Camille Lang, les deux éducatrices qui ont accompagné ce projet. Leur idée : se réapproprier un local, alors inoccupé, situé au rez-de-chaussée du Foyer, pour y réaliser un projet partagé par les jeunes accompagnées et les professionnels, et ouvert au public. Le projet, qui a mûri autour de l’idée de réemploi/recyclage (meubles, vêtements, livres, etc.), a ainsi fait naître en quelques mois une boutique écologique, solidaire et participative.

Utiliser les compétences artistiques des jeunes

« Nous sommes parties des envies et des compétences de plusieurs jeunes. Au démarrage, il y avait des réticences, puis de plus en plus d’enthousiasme, pour construire petit à petit le lieu ». Edwige et Camille ont également coordonné leur travail avec celui d’autres membres de l’équipe du Foyer. Dans différents ateliers ont ainsi été produits des tote bags originaux (sac en toile souple à deux anses, porté à l'épaule) avec la mention « friperie Péan », des personnages et peintures sur les murs du local en employant la technique des images projetées, etc.

Le projet a également comporté une dimension « éco-friendly », grâce aux conseils de la référente Responsabilité Sociale et Environnementale du Foyer, par exemple en cherchant à remplacer l’emploi de papier au profit d’alternatives (communication sur réseaux sociaux au lieu de supports imprimés, prix affichés sur des ardoises, etc.). « En parallèle, nous avons sollicité et eu un vrai écho auprès de bénévoles qui nous ont beaucoup aidées pour faire de ce lieu ce qu’il est devenu ». Une capacité à fédérer les bonnes énergies qui a permis de tirer parti des talents de bricolage d’Olivier, des compétences en aménagement commercial de Cinthia, et de bien d’autres compétences de nombreux bénévoles très motivés et présents le jour de l’inauguration. « C’est une friperie conviviale, vivante et chaleureuse qui donne envie de s’y retrouver », témoigne Maxime Klethi, responsable des relations presse de la Fondation, venu sur place fin novembre. « Cette boutique est à la fois solidaire et d’une élégance très professionnelle ». Prochaine étape : une réflexion à mener pour obtenir un statut administratif qui permettrait à la boutique de s’ouvrir encore davantage sur l’extérieur et de manière pérenne.

Infos pratiques :