Quand les personnes handicapées cultivent leur jardin
Aidés par des jeunes en service civique, les résidents d’un Foyer d’accueil médicalisé pour personnes handicapées de Marseille viennent de créer un jardin partagé accessible, où cultiver fleurs, fruits et légumes. Une bonne raison de sortir de sa chambre. Depuis quelques semaines, treize résident-e-s d’un Foyer d’Accueil Médicalisé (FAM) de Marseille accueillant des personnes handicapées ont pris la bêche, l’arrosoir, le fumier, les graines de géraniums, de fraisiers et de pensées pour créer un jardin partagé. Aidés de quatre jeunes en service civique, ils ont créé un jardin mais aussi un espace d’échanges avec ces jeunes mais aussi avec leurs proches et les habitants du quartier.
Gérée par la Fondation de l’Armée du Salut, la Résidence Georges Flandre accueille 42 personnes handicapées mentales vieillissantes mais qui cultivent désormais un jardin… partagé. Tiffany, a 24 ans, après une licence en anglais et en philosophie et un master d’anglais, elle a décidé de s’engager en tant que service civique. « Depuis début novembre 2016, je viens tous les lundis et mardis, ici, à la Résidence George Flandre. Avec les résidents et l’équipe de l’établissement, nous avons lancé le projet d’un jardin partagé », explique-t-elle.
« Ce projet a vu le jour début avril. Pour y parvenir, les jeunes, et certains résident-e-s et salariés du FAM sont allés visiter des jardins partagés dans Marseille et à Aubagne, à l’est de Marseille, pour comprendre comment réaliser ce type de lieu », explique Marie-Christine Attard, chef de service au FAM. Le Foyer d’accueil médicalisé a un jardin mais « il n’était pas accessible aux personnes qui sont en fauteuil roulant ou qui se déplacent avec difficulté », souligne Marie-Christine.
Sortir d'un lieu clos pour être en lien avec la nature, donc avec la vie
Les jeunes en service civique ont travaillé notamment sur la création d'un chemin pour favoriser l’accessibilité des personnes accueillies dont la mobilité est parfois fortement diminuée par l’âge et la maladie.
« Avec trois autres jeunes en service civiques et l’aide du jardinier et du personnel du FAM, nous avons aménagé un chemin stable et fabriqué des jardinières avec des palettes recyclées ou avec des pneus, planté des fleurs et des plantes et fabriqué des bancs. Le tout avec la participation d’environ treize résidents », détaille Tiffany.
Aujourd’hui avec le nouveau jardin partagé, « tous les résidents vont pouvoir bénéficier d'un espace vert et ombragé auquel il ne pouvait avoir accès », relève Sylvie Dupont, conseillère technique de la Fondation de l’Armée du Salut. Face à la tendance de certains résidents à se replier sur eux-mêmes, le jardin a un effet bénéfique car il permet de de recevoir ses proches et de voir le personnel de l’établissement dans un autre endroit que sa chambre, « dans un cadre coloré et convivial ».
Grâce au jardin, les personnes accueillies vont pouvoir se sentir « autonomes responsables en plantant, semant ou récoltant une plante ou un légume », fait remarquer Sylvie Dupont.
Depuis 2010, plus de 136 000 jeunes se sont engagés en service civique dans toute la France. Destiné aux de 16 à 25 ans, jusqu'à 30 ans pour ceux qui sont en situation de handicap, le service civique est indemnisé de 580 € par mois. Il permet de s'engager, sans condition de diplôme, dans une mission d'intérêt général au sein d'une association, d'un établissement public, d'une collectivité. En France ou comme à l'étranger et ce, dans neuf domaines d'action : solidarité, environnement, sport, culture, éducation, santé, intervention d'urgence, mémoire et citoyenneté, aide humanitaire. Une aide précieuse pour les personnes accueillies par la Fondation de l’Armée du Salut, ainsi que le montre ce jardin qui n’aurait jamais vu le jour sinon.