Se retrouver et parler de soi grâce à un concours de soupe

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Comment faire pour que les résidents d’un centre d’hébergement se rencontrent et parlent d’eux, de leur histoire ? Les équipes de notre Bateau accueillant des personnes sans domicile ont choisi d’organiser un concours autour du thème de la soupe. L’occasion de travailler ensemble, de retrouver le plaisir d’un repas partagé et le goût à la vie.

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Il est 11 heures et dans la cuisine du Bateau, ce centre d’hébergement de la Fondation de l’Armée du Salut, 4 énormes soupes mijotent dans les marmites. La soupe au soleil, la dame citrouille, la cambrousse de l’Afrique du Nord (une chorba), la soupe de papa : une quinzaine de litres de soupe ont été préparés par les résidents du Bateau, pour la première édition de la fête de la soupe, le 21 novembre dernier. Dans cet ancien bateau de croisière fluviale amarré à proximité du Pont de Neuilly (92), 50 personnes accidentées de la vie, anciennement sans domiciles fixe, ou en détresse vivent depuis 2009.

« Les bons parfums de soupes envoûtent l’atmosphère du Bateau », constate Léo, jeune animateur de l’établissement. Plus de 15 kg de légumes ont été achetés et plusieurs cocottes ont permis de préparer 4 sortes de soupes préparées par 12 résidents épaulés par certains salariés du Bateau.

Tout le monde a mis la main... à la soupe 

Plus que le concours lui-même, l’objectif était de réussir à faire se rencontrer et se parler des personnes, parfois très désocialisées, qui vivent ensemble mais ne partagent pas toujours de moments. Des personnes de toutes origines se côtoient au quotidien dans les couloirs du Bateau, la « soupe qui est commune à toutes les cultures du monde » était la meilleure façon de célébrer la diversité culturelle du Bateau et d’avoir un projet commun à tous. C’est également pour les résidents l’occasion de parler de soi, de son histoire, de ce qu’on aime. De la directrice en passant par les salariés jusqu’aux résidents, tout le monde a mis la main… à la soupe.

Ider et Amina, résidents du centre, ont préparé la cambrousse de l’Afrique du Nord, une sorte de chorba. Sandrine, au Bateau depuis mai 2017, a concocté le minestrone « avec du soleil dedans » fait remarquer Emmanuelle Huthwohl, la directrice. D’origine sicilienne, Sandrine a vécu dans sa voiture pendant deux ans avant d’enchaîner les hôtels et les centres.

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Soupes résidents Bateau CHRS Neuilly
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Des louches en or, en argent et en bronze

Aucun matériel professionnel ici, mais un simple mixeur, des ustensiles de cuisine et des légumes de saison ont suffi aux résidents du Bateau pour préparer les soupes dont les recettes originales seront publiées dans le journal de l’établissement.

Préparées avant le repas du midi, les soupes présentées en morceaux, en hachis, moulinée ou bien mixée ont ensuite été évaluées par un jury composé d’une travailleuse sociale, d’un résident, du responsable du service solidarité et santé de la ville de Neuilly-sur-Seine et d’un salarié du siège de la Fondation de l’Armée. Grille d’évaluation à l’appui, ils ont noté le goût, la saveur, les parfums, les odeurs, la consistance et l’aspect. Les ingrédients utilisés n’ont pas été dévoilés et les personnes qui l’ont préparée devaient se tenir à l’écart du jury : le secret a été protégé jusqu’au bout.

Chaque équipe de participants s’est vu remettre un trophée en forme de louche. « Les louches ont été peintes pour qu’elles aient des couleurs or, argent et bronze », explique Florence, éducatrice au Bateau. La soupe au soleil ainsi que la chorba se sont ainsi vues décernées la louche de bronze ; l’argent pour la soupe de papa et l’or pour la dame citrouille.

Si la cuisine était aujourd’hui à l’honneur, d’autres animations comme le jardinage ou la musique permettent également aux résidents de reprendre goût au fait de vivre ensemble. Un vivre-ensemble dont ils avaient oublié l’existence après plusieurs années passées à la rue.

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Actualité