Réussir à concilier écogestes et action sociale d’urgence
Alors que la question écologique devient de plus en plus centrale et remet en cause les modes de fonctionnement de chacun, l’action sociale et humanitaire évolue également vers plus de responsabilité environnementale. Ceci passe notamment par l’adoption des écogestes, ces gestes du quotidien qui permettent de diminuer la pollution.
C’est notamment le cas à la Halte humanitaire créée par la Fondation de l’Armée du Salut dans les anciens locaux de la mairie du Ier arrondissement de Paris. Cet établissement accueille tout au long de la journée des hommes demandeurs d’asile, exilés, réfugiés politiques. Ils peuvent s’informer auprès de permanences administratives, prendre une douche et boire une boisson chaude.
Une dynamique de développement durable difficile
Pour la halte comme pour d’autres, la transition écologique est compliquée par les conditions de fonctionnement. L’occupation des lieux étant temporaires et l’Armée du Salut n’étant pas propriétaire, la réalisation de travaux d’aménagement n’est pas aisée. Alors que les besoins non satisfaits sont énormes et que les budgets de fonctionnement sont contraints, les équipes en place doivent parfois choisir entre la meilleure prise en compte des questions écologiques et le nombre de boissons ou de douches proposées.
Un immense gâchis écologique
Dans le cas de la Halte humanitaire, ce sont environ 200 personnes qui passent chaque jour pour se poser, se laver et prendre une boisson. La dynamique de développement durable était cependant une des priorités de l’équipe de la Halte humanitaire. Elle s’est notamment rendu compte de l’immense gâchis écologique que représentait l’utilisation de 2 000 gobelets jetables en plastique par semaine. Si le passage aux gobelets en carton a d’abord semblé plus vertueux, leur recyclage s’est heurté à la question d’un recyclage de qualité.
Un don opportun
Heureusement, la solution est venue d’un partenaire privé. Les mesures sanitaires gouvernementales, au plus fort de l’épidémie de Covid-19, ayant entraîné l’abandon de nombreuses manifestations, dont des festivals, la société Esprit Planète, qui réalise des gobelets réutilisables pour des événements, a alors contacté le service mécénat de la Fondation de l’Armée du Salut, pour lui proposer un don d’ecocups, ces gobelets réutilisables et lavables fabriqués en France. C’est tout naturellement que ce don a été orienté vers la Halte humanitaire pour utiliser ces gobelets.
Expérimenter pour mieux utiliser
Avec le ralentissement de l'épidémie, les équipes de la Halte humanitaire ont pu mettre en place une démarche orientée développement durable grâce à ce don. Diane LAFFORGUE, logisticienne dans l’établissement, nous explique comment le processus a été établi : « J’ai commencé par concevoir un fonctionnement théorique, consistant à utiliser 400 ecocups par semaine : de la distribution à leur réutilisation. À l’issue d’un test de deux semaines, nous nous sommes rendu compte de la nécessité d’adapter ce circuit. » Ainsi, le passage de la théorie à la pratique a permis de mettre en place un rinçage préalable au lavage en machine de ces gobelets. Elle reconnaît toutefois « que le plus difficile est d’expliquer aux personnes accueillies ce circuit, mais, dans l’ensemble, ils sont contents ».
Aller plus loin
En revanche, un réel effort est fait en ce qui concerne l’utilisation du papier pour afficher des informations et chacun est appelé à appliquer ces petits gestes quotidiens qui permettent de moins consommer d’eau, d’électricité…