Immigration : La France accélère les expulsions vers l’Afghanistan
Alors que l’Afghanistan connait une flambée de violences qui touche principalement les civils, des pays européens, notamment la France, accélère les expulsions d’Afghan-e-s ver leur pays d’origine. Amnesty International et La Cimade (qui soutient et accompagne les migrants, les réfugiés et les demandeurs d'asile) demandent au gouvernement français de stopper les renvois forcés vers l’Afghanistan pour ne plus mettre en péril des vies humaines.
A l’occasion de la publication du rapport Retour forcé vers l’insécurité, La Cimade et Amnesty International France dénoncent les expulsions des personnes afghanes depuis l’Europe et spécifiquement depuis la France. Les organisations alertent le gouvernement français et les institutions européennes sur les dangers auxquels sont exposées ces personnes. Elles appellent le ministre de l’Intérieur Gérard Collomb à mettre un terme à toutes les procédures de renvois forcés vers l’Afghanistan et à décréter un moratoire sur ces renvois. De même, elles l’appellent à ne procéder à aucun transfert de demandeurs d’asile vers un autre État européen s’il existe, au final, un risque de renvoi vers l’Afghanistan. Ce risque est manifeste en particulier dans les États européens qui expulsent le plus vers l’Afghanistan ou dont le taux d’octroi du statut de réfugié est faible.
Le nombre de retours forcés depuis l’Europe est en augmentation rapide, à un moment où celui des victimes civiles enregistrées par l’ONU atteint un niveau record.
Si l’on en croit les statistiques officielles de l’Union européenne (UE), entre 2015 et 2016, le nombre d’Afghans renvoyés dans leur pays par des États européens a presque triplé, passant de 3 290 à 9 460. Ces retours correspondent à une baisse très nette des avis favorables donnés aux demandes d’asile, passés de 68 % en septembre 2015 à 33 % en décembre 2016.
5 243 victimes au premier semestre 2017
Dans le même temps, on assiste à une augmentation du nombre de victimes civiles en Afghanistan, comme en témoignent les chiffres publiés par la Mission d’assistance des Nations unies en Afghanistan (MANUA).
Selon la MANUA, 11 418 personnes ont été tuées ou blessées en 2016. Des civils ont été pris pour cible dans toutes les régions du pays. La plupart des attaques ont été perpétrées par des groupes armés, notamment par les talibans et le groupe se faisant appeler Etat islamique (EI). Au cours du seul premier semestre 2017, la MANUA a recensé 5 243 victimes civiles.
« Ces retours constituent des violations flagrantes du droit international et ils doivent cesser immédiatement. Les mêmes pays européens qui s’étaient naguère engagés pour que les Afghans connaissent un avenir meilleur anéantissent aujourd’hui tous leurs espoirs et les condamnent à repartir dans un pays qui est devenu encore plus dangereux que lorsqu’ils l’ont quitté », déplore Jean-François Dubost, responsable du programme Protection des populations à Amnesty International France.
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