Urgence hiver 2018 : 260 places d’hébergement supplémentaires ouvertes
L’hiver. C’est la période pendant laquelle les personnes ne peuvent pas être expulsées de leur logement. Mais encore faut-il en avoir un. Pour les dizaines de milliers de personnes à la rue et isolées, l’hiver est synonyme d’angoisse de dormir dehors. Paris, Lyon, Belfort, Reims, dans plusieurs villes de France, les établissements de la Fondation de l’Armée du Salut renforcent alors leurs dispositifs d’accueil d’urgence. Mais derrière les chiffres, il a y aussi des personnes comme Grace dont vous découvrirez l’histoire.
Comme chaque année, la Fondation de l’Armée du Salut se mobilise avec cet hiver l’ouverture de 260 places d’hébergement hivernal, qui s’ajoutent aux 5 000 places déjà ouvertes toute l’année dans de nombreuses villes. Cette augmentation des capacités d’accueil, en partenariat avec l’Etat, permet de mettre à l’abri des familles, des enfants, des femmes et des hommes isolés, tous restés à la rue avec des températures glaciales et ce malgré leur appel au 115. D’autres places d’hébergement seront encore ouvertes en cas de plan grand froid.
Grace (le prénom a été changé) est arrivée à la Cité de Refuge, dans le 13e arrondissement de Paris, le 8 décembre 2017, pour y trouver un abri. Ce centre d’hébergement et de réinsertion sociale (CHRS) de la Fondation de l’Armée du Salut, où vivent et sont déjà accompagnés plus de 200 personnes, a ajouté 35 lits dans une grande salle pour accueillir des femmes seules auparavant à la rue.
Des femmes seules 20 pieds sous terre
Tous les matins, Grace appelait le 115 pour « réserver » une place dans le centre d'hébergement et d'accueil des personnes sans abri (Chapsa), à Nanterre (92), qui accueille chaque nuit 250 hommes et femmes venant de Paris et sa banlieue.
« A 15 heures et un à 22 heures, un bus attend les personnes sans abri Porte de la Villette, pour les emmener jusqu’au Petit-Nanterre, où se trouve le centre d’hébergement », explique Grace. Faute de places dans le bus, parfois certaines personnes sans abri restent avec une seule et unique solution : dormir à la rue.
Les halls des hôpitaux, les chaises des urgences et les stations de métro deviennent désormais des abris pour passer la nuit « sans pouvoir dormir car j’avais peur de me faire agresser », précise Grace. Pendant plusieurs mois, elle fait mine de dormir 20 pieds sous terre, dans le métro, blottie au fond de sa couverture « pour échapper aux regards des personnes » ; isolée dans son malheur.
A Paris, Lyon, Belfort ou Reims, plusieurs centaines d’enfants, de femmes et d’hommes partagent la même détresse que Grace.
Nous ne pouvions pas laisser ces personnes dehors
Près de Lyon, ce sont 100 places pour des familles, des femmes et des hommes qui ont été ouvertes mi-décembre, dans une ancienne caserne militaire, dans la commune de Saint-Priest. Les personnes y sont accueillies 24 heures sur 24.
A Belfort, ce sont au total 45 places réparties entre le centre d’hébergement et de réinsertion sociale de la Fondation de l’Armée du Salut, des appartements, des hôtels et auberges de jeunesse, qui sont mises à disposition des personnes à la rue, dans différents quartiers.
« Si notre objectif reste de proposer un toit toute l’année aux personnes sans domicile et d’arrêter la gestion au thermomètre, nous ne pouvions pas laisser ces personnes dehors, au moment où l’Etat nous donne les moyens de les accueillir » souligne Eric Yapoudjian, le Directeur général de la Fondation de l’Armée du Salut.
Le dispositif d’hébergement hivernal de la Fondation de l’Armée du Salut s’est également renforcé dans d’autres villes de France :
- A La Maison Verte, à Saint-Germain-en-Laye (78), 23 places d'hébergement pour des hommes seuls, des femmes seules, ou des couples ont été ouvertes pour un accueil 24 heures sur 24.
- A Reims, le Centre d’hébergement et de réinsertion sociale, le Nouvel Horizon, à Reims, a ouvert 40 places d’hébergement dans des appartements en ville pendant la période hivernale, pour les femmes et les hommes isolés à la rue.
- A Florange, 12 places sont ouvertes, 1 à Metz et 6 pour femmes et enfants à Nîmes.
Dans les prochaines semaines, ce sont encore près de 130 places supplémentaires qui s’ouvriront à Paris et Lyon, en cas d’activation du plan grand froid.