Grand froid : l’Armée du Salut transforme un espace culturel et écologique en lieu de repos pour les sans-abri
Avant, la Cité fertile était ouverte au public pour des conférences et des concerts. Aujourd’hui, l’Armée du Salut y accueille depuis la vague de froid des personnes sans-abris. Découvrez comment ce lieu alternatif rime plus que jamais avec solidarité.
A gauche, un terrain de beach-volley, en face un terrain de pétanque, un restaurant bio, plusieurs bars, une cabane à méditation, une salle de conférences, le tout réparti sur les 10 000 m2 d’une ancienne gare de fret. C’est la Cité Fertile à Pantin (Seine-Saint-Denis) : un « tiers-lieu » destiné à rassembler le plus grand nombre autour des questions de transition écologique et sociale. Aujourd’hui, comme tous les lieux culturels, elle est fermée. Figée dans le temps. Des signes de vie sont tout de même visibles dans le silence de ce lieu, comme échappés du monde d’avant.
« Nous avons aménagé la mezzanine des « Halles » en espace de repos pour les personnes sans domicile. Habituellement, cet espace peut contenir 400 à 500 personnes lors de conférences », explique Amélie, responsable de la communication de la Cité fertile. C’est la première fois que ce tiers-lieu ouvre ses portes pour abriter les personnes démunies : « la salle des « Halles » s’adapte à tout, même à la solidarité », observe Amélie.
Des jeunes, entre 19 et 20 ans, qui ont perdu leur travail et leur logement
Dans le cadre du plan Grand froid activé en Seine-Saint-Denis, la Cité Fertile et la Fondation de l’Armée du Salut se sont associées depuis le 10 février 2021 pour ouvrir un espace de repos pour les personnes sans-abri dans un de ses halles.
« Depuis le 10 février, quand les températures devenaient dramatiquement basses, nous avons accueilli des personnes au parcours de vie très divers : des jeunes, entre 19 et 20 ans, qui ont perdu leur travail et leur logement. Une personne de 58 ans qui n’a pas de logement. D’autres hommes ont de graves soucis de santé et ont été orientés vers des hôtels sociaux », liste Amandine, éducatrice spécialisée. Elle rencontre à longueur de journée les personnes sans-abris afin de les aider à trouver des solutions d’hébergement et débloquer leurs problèmes administratifs.
Tous les jours, les équipes de la Fondation de l’Armée du Salut en collaboration avec celles de la Cité fertile distribuent des repas chauds et accompagnent les personnes sans-abris au Refuge de Pantin, un accueil de jour, où elles peuvent prendre une douche et laver leur linge.
« Ici, je peux venir prendre un café, manger
et être aidé dans mes recherches de logement », Johnny, 47 ans, sans-abri.
« Je dors dans une cage d’escalier depuis le début de la crise sanitaire. Aujourd’hui, je n’ai plus de travail. Avant, j’installais les volets et les fenêtres sur les chantiers », raconte Johnny, 47 ans. « Ici, je peux venir prendre un café, manger et être aidé dans mes recherches de logement », poursuit-il.
Le lieu peut accueillir jusqu’à 30 personnes, 24H/24. Parmi elles, certaines ont un emploi mais pas de toit. « Elles viennent donc passer quelques heures à l’abri du froid, des violences de la rue. Une fois reposées, elles repartent travailler », explique Amandine.
En matière d’hébergement, hiver comme été, l’enjeu reste cependant d’investir massivement pour adapter les capacités d’accueil aux besoins : malgré l’augmentation de 43% entre 2015 et 2019 du budget de l’Etat consacré à l’hébergement d’urgence (selon un rapport d’information du Sénat), ce sont encore des milliers de personnes qui ne parviennent pas à trouver, chaque jour, un hébergement via le 115, et les recensements réalisés chaque hiver à Paris et dans des grandes villes en France comptabilisent des milliers de personnes vivant à la rue.
Mayore LILA DAMJI