Quand l’Opéra s’ouvre aux enfants accueillis par l’Armée du Salut
Cet été, « l’Opéra en plein air » a invité 1 000 enfants, dont certains accueillis à la Cité de Refuge, à Paris (13ème), un centre d’hébergement de l’Armée du Salut. Objectif : faire découvrir l’Opéra. Petits comme grands ont assisté au spectacle « Piccola Opéra » au Château de Vincennes (Paris). Zoé et Malik nous racontent la rencontre de deux mondes.
Zoé Bazin (21 ans), est en troisième année d’école de commerce internationale (programme BBA) à La Rochelle Business School. Chargée de médiation à l’« Opéra en plein air », elle fait découvrir l’opéra aux publics précaires et éloignés au monde de la culture.
Malik Benachour (61ans), est animateur au sein de la Cité de Refuge de l’Armée du Salut à Paris (13ème). Tout au long de l’année, il met en place des activités culturelles et sociales, à destination des résidents et des enfants mais aussi des femmes isolées et des personnes âgées.
Opéra, théâtre, sport… les familles en grande difficulté sont parfois très éloignées du monde de la culture, du sport. Comment rendre ce monde accessible ?
Malik Benachour : Les familles que nous accueillons sont éloignées du monde culturel. Elles n’ont pas le réflexe d’inscrire par exemple leurs enfants à un cours de musique ou de théâtre. Les parents ont d’autres priorités : nourrir leurs familles, scolariser les petits. Et souvent ils ont très peu d’argent à consacrer aux activités culturelles.
C’est pour cette raison, l’action culturelle au sein de la Cité de Refuge est essentielle pour eux : afin de faire découvrir aux enfants et familles des activités qu’ils n’auraient pas pu faire. Grâce à la collaboration avec des partenaires comme Culture du cœur, le musée du Louvre, Biocycle (pour l’aide alimentaire) nous permettons aux familles précaires de découvrir de nombreuses activités culturelles et sportives.
Former peut-être la nouvelle génération de spectateurs
Zoé Bazin : On dit toujours que l’Opéra n’est réservé qu’à une catégorie âgée de la population, en poussant l’opéra hors les murs il s’ouvre à un autre public. C’est notre volonté de faire découvrir le monde lyrique au plus grand nombre et de former peut-être la nouvelle génération de spectateurs.
Faire découvrir l’Opéra à des plus jeunes sous un format adapté permet aux parents comme aux enfants de développer une curiosité et une sensibilité musicale différente. C’est pour cela que depuis deux ans Opéra en plein Air développe aussi un spectacle pour les enfants, cette année, c’est « Piccola Opéra » un spectacle interactif de 50 minutes.
« Piccola Opéra » est conçu pour un jeune public d’enfants à partir de 4 ans mais également pour les plus grands. Après la représentation du spectacle, qu’avez-vous observé chez les spectateurs ?
Zoé Bazin : J’avais déjà animé des ateliers auprès d’un public éloigné de la culture de l’Opéra. Lors de la représentation au Château de Vincennes, en juillet, j’ai trouvé les enfants très attentifs et intéressés. J’étais sûre qu’ils trouveraient un intérêt à découvrir « Piccola Opéra ». J’ai été agréablement surprise de voir leur implication : ils posaient des questions et ils étaient très curieux d’apprendre de nouvelles choses sur monde qu’ils découvraient à travers ma personne.
Le bonheur d’avoir découvert l’opéra et le Château de Vincennes :
à la rentrée, les enfants pourront partager leurs souvenirs de vacances
Malik Benachour : La représentation a été un moment très important pour les enfants et les familles. Peut-être que cela fera naître de futures vocations : un des enfants souhaitera faire de l’Opéra ! La représentation de « Piccola Opéra », au mois de juillet, a créé du lien entre les enfants accueillis à la Cité de Refuge. Il est très important de permettre aux familles et les enfants de sortir du cadre d’un centre d’hébergement. A la rentrée en septembre, les enfants pourront partager les souvenirs de vacances, leur bonheur d’avoir découvert l’opéra et le Château de Vincennes.
Propos recueillis par Valérie Vadot.