Rencontre avec les colonels Donzé, nouveaux supérieurs de la Congrégation de l’Armée du Salut et responsables pour la Belgique
Les colonels Jacques et Claude-Évelyne Donzé sont les nouveaux chefs de la Congrégation de l’Armée du Salut en France et en Belgique. Ils sont les parents de 4 filles, dont deux officières, et ont 7 petits-enfants. Ils nous partagent leur foi, leur parcours et leurs ambitions pour leur nouveau ministère qui vient de commencer.
Pourquoi êtes-vous devenus officiers de l’Armée du Salut ?
Colonelle Claude-Evelyne Donzé : Le colonel et moi-même sommes issus d’une famille salutiste depuis 5 générations. Nous avons donc grandi dans l’Armée du Salut, elle est notre Église. C’est à l’âge de 16 ans que je me suis posé la question d’un service pour Dieu à plein temps. J’avais le désir d’être enseignante et, à l’époque, le fait de jouer du piano était un avantage pour faire la formation. J’ai alors commencé à apprendre le piano mais je n’étais pas très disciplinée pour répéter.
Pourtant un jour, alors que je répétais, j’ai reçu cette intuition qu’il fallait que je m’y applique, car « cela me serait utile, lorsque je serai officière ». Cette intuition est petit à petit devenue une conviction. J’ai depuis abandonné le piano, mais Dieu peut se servir de beaucoup de moyens pour nous interpeler. Quelque temps plus tard, j’ai demandé un signe au Seigneur (il ne faut pas le faire tout le temps, mais là, je l’ai fait.) Je lui ai demandé de me confirmer son appel à le suivre comme officière. C’était lors d’un congrès de jeunesse. Il y avait là des ateliers, dont un sur les métiers utiles pour servir à l’Armée du Salut, particulièrement sur le champ missionnaire. En m’y rendant, j’ai dit au Seigneur : « Si l’animateur parle du métier d’enseignant, je pose ma candidature pour devenir officière » ; là, à peine entrée dans l’atelier, le mot fut prononcé… Plus tard, lors d’une consécration des cadets, lors de l’appel à un service à plein temps, je me suis avancée. Nous sommes entrés à l’école de formation à Bâle en 1988. Il y avait là des cadets de toute l’Europe. Nous étions mariés et avions déjà une fille.
Colonel Jacques Donzé : Mes parents sont devenus officiers lorsque j’avais 11 ans. Leur nouvelle orientation a été difficile pour moi durant la première année, car nous avons dû déménager. Je me suis alors senti déraciné. Toutefois, mes parents une fois passé ce cap, c’était le bonheur. J’ai rencontré des jeunes du Poste qui m’ont pris en charge en m’emmenant jouer au foot.
C’est à 14 ans que j’ai eu la conviction de la nécessité de confier ma vie à Dieu et la certitude de la vie éternelle. Même si j’étais alors incapable de dire quelle serait l’orientation que ma vie prendrait. À 17 ans, je voulais être prof de sport. Mais, c’est à cet âge que Dieu m’a appelé pour le servir comme officier de l’Armée du Salut. J’étais dans ma chambre lorsque j’ai entendu cet appel. C’était clair et précis autant qu’une voix audible. J’ai essayé de lui résister en trouvant des arguments. Mais, Dieu est persévérant et ne se lasse pas de mettre tout en œuvre pour nous conduire dans sa volonté; Donc, je lui ai dit « oui » plus par obéissance que par un élan du cœur. Cela dit, je suis très heureux de le servir dans ce ministère. Dieu ne m’a pas forcé la main, il m’a juste encouragé à lui donner ma vie dans l’Armée du Salut comme officier. C’est là où il a estimé que je serai le plus utile.
Quel a été votre parcours dans l’Armée du Salut ?
Colonelle Claude-Evelyne Donzé :Nous avons servi dans les Postes, également en Belgique où notre dernière fille est née, à la jeunesse, en tant que commandants divisionnaires, au QGT à Berne, puis nous avons pris la responsabilité de l’Italie et de la Grèce. Maintenant nous sommes appelés à servir comme responsables du Territoire France-Belgique.
Colonel Jacques Donzé : Ce qui me donne de la joie c’est de faire ce qui est juste et d’avoir le sentiment du devoir accompli. L’Armée du Salut m’a donné la possibilité de faire des choses que nous n’aurions jamais faites dans une « autre vie » et de développer de nouvelles compétences. Aujourd’hui, alors que nous sommes éloignés du terrain, nous avons à favoriser l’expression des personnes qui œuvrent dans les Postes et permettre aux acteurs de terrain d'accomplir leur mission dans les meilleures conditions possibles.
Qu'est-ce que, pour vous, annoncer l'Évangile ?
Annoncer l’Évangile c’est dire que pour moi Jésus est tout. Il est bon de se rappeler que la vie spirituelle n’est pas une dimension accessoire de nos vies. L’Évangile a la puissance de tout transformer. Rencontrer Jésus est la meilleure chose qu’il puisse arriver à quelqu’un dans sa vie. Toutefois, ce n’est pas parce qu’une personne ne croit pas en Jésus, qu’elle a moins de valeur. L’Armée du Salut n’est pas un but en soi, c’est un outil pour rencontrer le Christ. Le message de l’Évangile est encore pertinent aujourd’hui. Jésus est pertinent au XXIe siècle. Toutefois, notre manière doit être adaptée.Le sens et le message de changent pas. Nous devons simplement adapter l’emballage.
Même si nous sommes héritiers de la culture salutiste.,la forme est secondaire. Nous n’avons pas à sauver l’Armée du Salut. Nous avons à partager l’Évangile avec les gens du monde actuel. Parfois, nous voulons entrer par des portes, des fenêtres qui n’existent plus parce que l’architecture de la maison a changé… Nous avons à trouver les moyens pour faire connaître l’Évangile dans les sociétés d’aujourd’hui. Nous avons à nous adapter au fonctionnement de la société. Avant c’était différent. Le culte est un grand défi. Pour beaucoup, l’idée de se lever le dimanche matin pour aller au culte est un langage de « martien »,alors que pour les croyants, c’est peut-être une évidence. L’Église ce n’est pas que le dimanche matin…
Quelle phrase de l’Évangile a du sens pour vous aujourd’hui ?
Colonel Jacques Donzé : « Je n’ai pas de plus grande joie que d’entendre dire que mes enfants vivent dans la vérité » (1 Jn 3, 4). Être le témoin de la transformation des vies est quelque chose d’incroyable.
Colonelle Claude-Évelyne Donzé : « Sois fort et courageux ! Ne t’effraie pas, ne sois pas terrifié, car le Seigneur, ton Dieu, est avec toi partout où tu iras » (Jos 1, 9). Dieu est avec nous partout où nous allons et est présent dans tout ce que nous entreprenons. Pouvoir s’appuyer sur la promesse de la proximité de Dieu est un grand privilège et un grand soutien.